Travailleurs handicapés en entreprise : on est loin du compte !

Une entreprise de plus de 20 salariés doit employer au moins 6% de travailleurs handicapés. C’est la loi! Combien ne le font pas ? 45% des entreprises. L’œil du 20h a voulu comprendre pourquoi !

Parmi les mauvais élèves, des PME et des Grands groupes. Exemple Vivendi : 107 personnes handicapées, soit 1,8% des effectifs. Le groupe informatique Sopra Steria : 2,3%. Air Liquide, spécialiste du gaz: 4,18%. En tout, 45 000 entreprises hors des clous. Pourquoi? Elles n’ont pas très envie d’en parler, voici un florilège des réponses que nous avons obtenues : « navrée, je n’ai trouvé aucune disponibilité compatible avec vos créneaux », « la question de base ne nous convient pas », « c’est trop tôt pour en parler, nous avons lancé une mission handicap vendredi dernier ». La loi date de 1987.

Une entreprise a accepté de nous ouvrir ses portes. Devoteam, spécialisée dans le numérique, compte moins de 3% de travailleurs handicapés et pour le secrétaire générale de l’entreprise, difficile de faire mieux: “On n'arrivera jamais à 6% !” concède-t-il. “Pourquoi ? “Nous sommes 2000, il faudrait embaucher 120 ingénieurs informaticiens (handicapés NDLR), on ne les trouvera jamais sur le marché.” En cause : un problème de qualification chez les personnes handicapées.

Pour compenser, l’entreprise verse une sorte d’amende à l’Agefiph, un fonds pour l'insertion professionnelle des handicapés : 150 000 euros l’an dernier.

Ce problème de formation existe. 80% des travailleurs handicapés ont un niveau d’études inférieur au bac. Mais selon les associations, il y a aussi des préjugés qui persistent:
“On a une vision de la personne en situation de handicap, trop souvent négative. Quand on la regarde, au lieu de regarder ses potentiels, ses compétences, son talent, on regarde plutôt ses manques, ses difficultés", déplore Jean-Louis Garcia, président de la fédération des Apajh (Association Pour Adultes et Jeunes Handicapés).

La sous-traitance

Quand les entreprises respectent la loi, ce n’est pas toujours en créant des emplois en interne. Schneider Electric est un bon élève : 6,47% de travailleurs handicapés mais plus d’un tiers de ces emplois sont liés à la sous-traitance.

ATF Gaia est l’un des sous-traitants de plusieurs grands groupes. Dans cette entreprise, il y a 80% de travailleurs handicapés qui réparent et revendent du matériel informatique. Les postes sont adaptés. Les salariés sont en partie comptabilisés dans les effectifs des groupes clients. “C’est complémentaire », nous explique le président Sylvain Couthier. « Nous démontrons que nous pouvons être une entreprise performante »

Et au fait, nous à France Télévisions? Peut mieux faire, un peu plus de 5% de collaborateurs handicapés.

Les travailleurs handicapés sont deux fois plus touchés par le chômage que le reste de la population. Quand les inégalités sont tenaces…

Publié par L’Œil du 20 heures / Catégories : Non classé