Assemblée nationale : qui sont les députés turbulents ?

Au début de son mandat, François de Rugy, le président de l’Assemblée nationale, faisait un rêve éveillé :

«Cet hémicycle ne doit pas être un lieu de provocations et d'anathèmes, mais bien au contraire de la sérénité, de la bienveillance, et du respect dans les débats.»

Hum... Comment vous dire... En regardant les questions au gouvernement, on se dit que c'est un peu raté. Mais à cause de qui ?

Chaque semaine, les députés posent des questions au gouvernement. Première passe d’armes, dès l’été dernier, avec les élus de la France Insoumise. Ils dénoncent la baisse des aides aux logements. Alexis Corbière, député de Seine-Saint-Denis pose une question à Gérald Darmanin :

«Votre politique s’est s’en prendre aux plus pauvres et rendre aux plus riches !»

Un propos illustré avec un panier de courses à 5 euros. Pâtes, pain de mie, haricots verts. Le ministre leur répond alors que «certains semblent avoir le monopole de la démagogie». S’en suivent chahut, cris et protestations.

Parmi les autres spécialités de certains députés de l'opposition : couper la parole. Ainsi, quand Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat à l'égalité femme-homme répond à une question d'une député LRM, un député LR l'interpelle. «Gardez vos nerfs !», lui répond-elle alors.

D'autres fois, lorsqu’ils entendent le nom de Gérald Darmanin, ses anciens amis Les Républicains se manifestent, le qualifiant de «traître» ou «Judas».

Mais qui sont les députés les plus perturbateurs ? Nous avons parcouru les comptes rendus de ces débats. En tête, de jeunes élus Les Républicains, avec à sa tête, le député de Moselle Fabien Di Filippo, qui compte 98 remarques ou interpellations à lui tout seul.

Ces interventions visent en principalement les ministres venant de LR.

Mais que disent-ils ? Fabien Di Filippo crie par exemple «­C’est une escroquerie !», «Jupiter !», «J’étais au collège en 2000 !» ou encore «Le Roi Macron !». Aurélien Pradié, député du Lot de son côté dit : «Des clowns !», «N'importe quoi», «Les chevilles gonflent» ou «Cirage !».

Des interventions que leurs auteurs assument ! Leur volonté : perturber un exercice qu’ils jugent convenu.

«Quand j'ai quelque chose à dire, je le dis, nous explique Aurélien Pradié. Les ministres ne viennent pas pour passer un quart d'heure confortablement assis sur leur fauteuil. Ça leur fait du bien d'être un peu chahutés.»

«Je comprends la volonté de confort de la majorité, plaide de son côté Fabien Di Filippo, notamment avec des députés très inexpérimentés de vouloir que ça soit le plus aseptisé possible. Malgré tout, il faut nous accepter comme on est, avec tous les arguments qu'on doit faire valoir.»

Quant au président de l’Assemblée, François de Rugy, il voudrait transformer ces questions au gouvernement pour les rendre plus efficaces, les mettant notamment au menu de ses réformes pour une nouvelle Assemblée nationale... et peut être plus apaisées ?

Publié par L’Œil du 20 heures / Catégories : Non classé