Le bio, on en produit et on en consomme de plus en plus. Devinez ce que veut faire l’Europe ? Espacer les contrôles chez les producteurs. C’est écrit dans ce projet de règlement européen, que nous nous sommes procuré.
Daniel Evain cultive, des concombres, potirons, et potimarrons bio en région parisienne. Il est contrôlé par un organisme qui certifie bio sa production chaque année. Mais la Commission européenne veut assouplir cette règle et souhaite désormais :
«Un contrôle tous les deux ans, si aucune fraude n’est découverte les trois années précédentes.»
Daniel Evain voit ce projet comme un relâchement de la surveillance :
«Si vous contrôlez qu’une fois tous les deux ans, l’agriculteur va se dire, cette année le contrôleur ne vient pas je peux me permettre un petit écart par rapport à la règlementation. Si vous maintenez les contrôles tous les ans, ca devient plus difficile pour un agriculteur de tricher.»
Pour Daniel Evain, c’est ce qui a permis l’année dernière de retirer le label bio sur tout ou partie de leur exploitation, à 5 190 producteurs… 10% du total.
Pourquoi la commission européenne souhaite-t-elle cet assouplissement ? Réponse : pour simplifier les règles et dynamiser le marché du bio.
Moins de contrôles
Le projet de règlement européen prévoit moins de contrôle et même des dérogations sur les produits bio importés ! Prenons l’exemple des bananes. Elles viennent surtout d’Amérique du Sud. Là-bas, dans certains pays, les normes sont différentes. Des substances, non autorisées en Europe pour le bio, peuvent être utilisées. Eh bien, ces bananes, même si elles ne respectent les règles européennes bio, auront quand même le label.
Pourquoi une telle exception ? Selon le projet, c’est pour «éviter une soudaine rupture approvisionnement de l’offre dans les supermarchés européens». La peur de manquer, donc.
Pour Jean Arthuis, député européen UDI, c’est le risque d’un bio au rabais :
«C’est satisfaire probablement le souhait des distributeurs qui veulent proposer aux consommateurs du 1er janvier au 31 décembre des produits. Mais délivrer un label lorsqu’on n’est pas sûr (...) C’est à mon avis prendre un risque d’une présentation mensongère.»
Ce projet doit être voté avant la fin de l’année. Au fait que pense la France de ce texte ? Pour l’heure, elle l’a validé, comme tous les autres états membres.
Découvrez le texte du projet de règlement :