Il paraît qu’Emmanuel Macron n’est «ni de droite, ni de gauche».
D’autres, comme Jean-Luc Mélenchon, l’imaginent plutôt «président des riches». A droite au contraire on le dépeint volontiers en «clone de François Hollande».
Le premier budget du quinquennat nous aiderait-il à y voir plus clair ? Emmanuel Macron penche-t-il plutôt à gauche ou bien à droite ?
L’Oeil du 20h a fait les comptes.
Parmi les mesures déjà connues : la réforme de l’ISF, la suppression de la taxe d’habitation, ou encore la baisse des emplois aidés… En tout, plusieurs dizaines d’annonces budgétaires depuis le début de l’été.
Certaines sont plutôt de droite.
- La réforme de l’ISF
Désormais, seul le patrimoine immobilier sera taxé.
Moins imposer les plus fortunés, François Fillon dans son programme lui aussi le proposait en supprimant l’ISF. Et Nicolas Sarkozy avait divisé par deux les contribuables concernés.
- La baisse des emplois aidés
Le budget en prévoit 120 000 de moins.
François Fillon voulait tous les arrêter. Nicolas Sarkozy en a supprimé 300 000 pendant son quinquennat.
- La «flat-tax», cette taxe sur le capital, qui touchera certains produits d’épargne.
Comme Emmanuel Macron l’annonçait dans son programme, le budget prévoit un impôt unique de 30%... soit exactement la même mesure que celle proposée par François Fillon.
Et des mesures plutôt classées à gauche, il y en a ?
- La suppression à 80% de la taxe d’habitation
Lionel Jospin proposait une réforme comparable dans son programme en 2002 !
- La hausse de la prime d'activité pour les bas salaires
C’était la première phase du revenu universel du candidat Benoît Hamon.
- 2 500 professeurs supplémentaires pour encadrer certaines classes de CP ?
François Hollande voulait en créer 60 000 en 5 ans.
Voilà qui a l’air équilibré ? Pourtant quand on additionne le coût de toutes ces mesures, la balance penche nettement d'un côté. «A gauche, on a un budget global inférieur à 4 milliards d'euros, calcule pour nous Mathieu Plane, économiste à l'OFCE. A droite, on arrive à 7,2 milliards. On voit donc bien que le rapport de force est clairement en faveur des mesures traditionnellement ancrées à droite.»
D’ailleurs à l’Assemblée nationale, certains députés de droite le reconnaissent. «Je dirais que c'est un budget de centre-droit, c'est-à-dire qu'il est libéral-social, estime Pierre-Yves Bournazel, député LR-Constructifs de Paris. Sur l'essentiel, ça me convient.»
Même dans le camp du président, certains pensent que le budget aurait pu mieux cibler les plus modestes. «On a un plan de relance de l’activité, il faut un plan de relance social, jugeait Brigitte Bourguignon, députée LREM du Pas-de-Calais, dans les colonnes de l'Opinion la semaine dernière. “Pauvre”, ce n’est pas un gros mot !»
Conclusion : le budget 2018 penche plutôt à droite. En même temps, avec un Premier ministre et deux ministres à Bercy issus des Républicains, est-ce étonnant ?