Quand des détenus peuvent ouvrir une cellule en une minute top chrono…


En prison, on croyait que les serrures, c’était du solide. A l’oeil du 20H on a regardé à travers. On a découvert que pour ouvrir les cellules, les clés sont parfois accessoires. C’est une vidéo étonnante, apparue, il y a 4 mois sur internet. Des détenus de la prison d’Osny, se filment, dans le couloir, en train de crocheter la serrure d’une cellule. Un détenu ouvre une cellule en une minute à l’aide de fil de fer. A cause de cette vidéo, ces détenus ont été condamnés, hier, à des peines supplémentaires de 5 à 7 mois de prison ferme.

Pourquoi cette serrure est-elle crochetable ?

Nous sommes allés à la maison d’arrêt d’Osny. 937 détenus. Dans cette prison travaille un surveillant qui accepte de nous répondre, à condition de rester anonyme : “C’est un établissement qui a plus de 25 ans, à force d’ouvrir et de fermer les cellules, le mécanisme s’use”. L’usure permet de crocheter des serrures. Selon des surveillants, d’autres prisons sont concernées. A Grasse. 707 détenus. L’un d’entre eux a ouvert une cellule devant un surveillant. A Argentan aussi. 554 détenus. Un surveillant nous le confirme : “Quand je suis arrivé en 2010, il y a deux détenus qui m’ont montré en direct comment faire. On avait fait des remontées d’informations à l’époque et depuis rien n’a changé".

Et les prisons neuves de haute sécurité ?

Impossible de crocheter les serrures, pensez-vous ? Vendin le Vieil, 96 détenus. Il y a 3 ans, avant son ouverture de la prison, un surveillant constate des failles et alerte sa hiérarchie. L’administration envoie un huissier. Devant lui, l’agent, avec des fils de fer ouvre toutes les portes. Une à 3 minutes par serrure suffisent.

L’administration pénitentiaire décide tout de même de mettre en service la prison. Pourquoi ? “Toute serrure est potentiellement crochetable mais nous ce n’est pas crochetable de l’intérieur. Les problèmes constatés au niveau des serrures ne peuvent (...) constituer un risque majeur d’évasion”, assure l’administration pénitentiaire. C’est vrai, il n’y a pas eu d’évasion mais le problème, c’est surtout la sécurité des surveillants : “Les risques sont qu’un détenu ouvre plusieurs cellules, ce qui fait qu’on pourrait avoir un attroupement de plusieurs détenus et créer un incident majeur”, s’inquiète Stéphane Barraut, surveillant et secrétaire général adjoint de l’UFAP-UNSA.

L’administration pénitentiaire dit avoir changé quelques serrures, à Osny et à Grasse. On a contacté le fournisseur, mais sa parole est cadenassée. Impossible pour nous de la crocheter.

 

Publié par L’Œil du 20 heures / Catégories : Non classé