Dans les Hauts de France, ça fait près de 40 ans qu’on l’attend : le canal Seine-Nord. Mais pour l’instant, ce n’est qu’un mirage. L’oeil du 20H vous raconte l’histoire d’un projet de canal qui rame depuis des décennies. Le futur canal Seine-Nord devrait être de 107 km de long entre Compiègne et Cambrai. S’il voit le jour, les bateaux pourront relier Paris au nord de l’Europe.
Un canal toujours promis, jamais construit.
“J’ai donné des instructions dans le but d’avancer aussi vite que possible”, disait Alain Juppé, en 1995. En 2011, Nicolas Sarkozy aussi promettait d’aller vite : « Une fois qu’on l’aura réalisé, tout le monde dira, oui c’est évident. On demandera d’ailleurs pourquoi on a attendu aussi longtemps”. Puis au tour de François Hollande en 2017 : « Nous lançons officiellement le canal. ”
Ce futur canal est très coûteux : 4,5 milliards d’euros, mais utile à en croire ce député. Il permettra de développer l’activité économique, dans une des régions les plus touchées par le chômage. Guy Bricout, député Les Constructifs, est consterné par la lenteur de l’Etat : “Je trouve ça absurde. Ou la première étude dit que le projet n’est pas viable, et puis on s’arrête. Mais là on a continué. On a acheté des terrains. On a fait des fouilles archéologiques, ça veut dire que le projet était bien lancé déjà. C’est un formidable un gâchis, je ne comprends pas". L’Etat a déjà dépensé de l’argent publique pour ce canal. Par exemple, les études : 118 millions d’euros. Les fouilles archéologiques : 37 millions. Ou encore les travaux : 22 millions. Total : 235 millions d’euros.
L’Etat a même commencé à acheter des terres qui sont sur le tracé du canal. Le bar-tabac et la maison de Dominique Denoyelle par exemple, rachetés 343 000 euros. Le projet étant incertain, la vente a duré 5 ans. Cette attente a été compliquée pour elle : “Mon projet d’avenir était en stand by. Il évoluait en même temps que le canal, de temps en temps, il remontait, de temps en temps, il coulait. On est parqués et on attend de savoir à quelle sauce on va être mangés. Et bien oui, on est victimes".
Cette lenteur est-elle de l’histoire ancienne ?
Emmanuel Macron, alors candidat a lui aussi, fait une promesse : “Je confirme les trois grands projets en cours : le Bordeaux Toulouse, le Lyon Turin, et le canal Seine-Nord”. 4 mois plus tard, visiblement, la priorité n’en est plus une. “On fait une pause, et on va regarder au cas par cas”, affirmait Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, en juillet 2017, La raison de cette pause ? L’argent ! Selon le gouvernement, il manque 700 millions d’euros pour financer la construction du canal. Bref, ce projet risque de ramer encore longtemps.