Il y a 40 ans, rédiger une encyclopédie, c’était une affaire de professionnels. Aujourd’hui, les auteurs de l’encyclopédie la plus consultée au monde, ce sont des milliers de bénévoles anonymes. Mais parfois, derrière ces contributeurs se cachent des services de presse qui enjolivent ou qui censurent.
La fiche Wikipédia de la faculté de médecine de Marseille était assez succincte en janvier dernier. Jusqu’à ce qu’un mystérieux contributeur ne commence à l’enrichir de quelques superlatifs : un certain Protis et Gyptis. Cette ligne élogieuse par exemple : "La faculté de médecine bénéficie de l’excellence française en matière de soins, de formation clinique et de recherche." Quant aux futurs locaux de la faculté, sous la plume de ce contributeur, ils devenaient tout simplement "unique(s) au monde".
L'auteur de ces lignes est en fait la chargée de communication de la faculté de médecine. Elle aurait dû le savoir: réécrire sa propre page Wikipédia, c’est interdit. Mais il y a pire que l'embellissement d'article, la suppression de passages gênants est devenue une spécialité de certains services de communication.
Suppression d'un paragraphe sur un rapport de la Cour des comptes
Un des salariés de l’institut de sondages BVA, a supprimé à plusieurs reprises (ici ou là) un passage sur une condamnation de l’entreprise pour discrimination syndicale. Pourquoi ce coup de ciseaux ? Réponse de BVA : "Je considère que quand on veut savoir ce que fait la société BVA ce n'est pas forcément une information essentielle".
Même coup de gomme sur la fiche du Théâtre National de Bretagne où l’on pouvait prendre connaissance d'un rapport de la cour des comptes bretonne dénonçant les excès financiers du TNB. Ce rapport existe pourtant bel et bien (voir ci-dessous). Nous avons appelé le service de presse du théâtre. Pas de réponse.
Plus d’un million sept cent mille articles sont en ligne sur la version française de Wikipédia. Combien ont été retouchés par un service de presse ? On attend la fiche Wikipédia pour vous répondre.