Les liens opaques des médecins avec les industriels


La transparence en matière médicale, c'est vital. Mais quand les médecins des hôpitaux conseillent ou travaillent avec les industriels, l'opacité est parfois de mise.

Au printemps 2015, l'audition du professeur Michel Aubier a fait tousser pas mal de sénateurs. Convoqué par la commission d'enquête sur les conséquences économiques de la pollution de l'air, ce dernier jurait sous serment n'avoir "aucun lien avec les intérêts économiques". Pourtant, selon le Canard enchaîné, le pneumologue a bien des liens avec le groupe Total. Michel Aubier est le médecin-conseil du groupe depuis la fin des années 90. Rémunération annuelle : 60 000 euros. Pourquoi Michel Aubier a-t-il omis de préciser qu’il conseille l’industriel sur sa politique de santé ? Le professeur n'a pas voulu nous répondre. Mais au journal Libération, ce dernier niait toute forme de conflit d'intérêt : "Ces activités n’influencent pas mon jugement sur la pollution de l’air et le diesel (...) Je vous garantis en toute transparence qu’il n’y a absolument aucun conflit d’intérêt." 

Le manque de transparence des médecins sur leurs liens avec l’industrie, on pensait que c’était de l’histoire ancienne. Une loi votée en 2011 - après le scandale du Mediator - oblige tous les experts des organismes publics à publier leurs liens avec l’industrie. Toutes ces informations devraient être accessibles sur un site internet. Problème, ce site n'existe toujours pas. 

Et quand on regarde sur les sites internet de ces organismes publics, certains experts ne sont pas très transparents. Sur le site de l’ONIAM - l’office chargé de l’indemnisation des victimes d'accidents médicaux - nous avons en quelques minutes identifié trois médecins dont les déclarations d’intérêt ne mentionnent aucun lien avec l'industrie. Pourtant, ces 3 médecins collaborent de manière régulière avec plusieurs  laboratoires pharmaceutique. Fin mars 2016, la cour des comptes a pointé des failles majeures dans l'application de la loi sur la transparence. Sur 2904 déclarations d'intérêt examinées, près d'une sur cinq est incomplète ou obsolète. 

Publié par L’Œil du 20 heures / Catégories : Non classé