Que deviennent les trains qui ne circulent plus ? Sont-ils stockés, récupérés par des collectionneurs, vendus à des pays étrangers ? En réalité il existe en France des « cimetières » où stationnent des dizaines de locomotives fret de la SNCF dont certaines sont en état de fonctionnement selon des cheminots que nous avons rencontrés. A la gare de triage de Sotteville-lès-Rouen (Normandie), parmi les 400 engins de fret qui y sont entreposés, 43 machines pourraient encore circuler sur le réseau selon un document interne (inventaire réalisé en avril dernier).
Contactée, la SNCF n’a pas souhaité nous accorder d’entretien filmé et a préféré répondre à l’écrit : “Il s’agit de locomotives anciennes ayant un nombre très élevé de kilomètres au compteur. Il n’est pas possible de les louer ou de les vendre”. Pourtant, certains véhicules ont été revendus au Maroc. La SNCF aurait-elle refusé de céder son matériel usagé à ses concurrents français ?
Alertés par un article du Canard Enchaîné, la ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal et le secrétaire d’Etat chargé des transports, Alain Vidalies ont demandé des comptes au patron de la SNCF. Le service de presse de la SNCF a réfuté toute volonté de “protectionnisme”. Selon la société, toutes les motrices de Sotteville sont inutilisables. Et si certaines ont été rénovées, c’est pour mieux les radier. Comme quoi, les voies de garage de la SNCF sont parfois impénétrables.