Les approximations des politiques sur les migrants

Que n’a-t-on pas entendu sur les migrants ces derniers jours ? Des chiffres, des mots ressassés à longueur d’émission que l’œil du 20h a passé au crible. Résultat : peu importe la couleur politique, les approximations sont de mise. En voici trois exemples.

En week-end au Touquet lors du campus des Jeunes du parti Les Républicains, Nicolas Sarkozy plaide pour que la France s’engage militairement en Syrie, comme lui l’avait fait en Libye en 2011. Pour appuyer son propos, l’ancien Président ose une comparaison historique : « Si nous avions laissé tomber ces jeunes libyens nous aurions fait comme à l’époque de M. Mitterrand quand 8000 musulmans en Bosnie-Herzégovine étaient massacrés. »

Ce dernier fait référence aux massacres de Srebrenica en juillet 1995 pour dénoncer l’inaction de François Mitterrand. Le socialiste a pourtant quitté le pouvoir en 1995, deux mois plus tôt.

La ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal aborde la question des migrants sous l’angle du dérèglement climatique. Selon elle, « plus de la moitié des mouvements de population aujourd’hui à l’échelle de la planète sont dus au problème climatique ». Nous avons appelé le ministère de l’écologie qui nous a renvoyé vers sa source, une ONG norvégienne spécialisée sur les questions migratoires qui publie chaque année un rapport sur le nombre de déplacés dans le monde. Selon elle, le nombre de réfugiés climatiques est en hausse, mais il est aujourd’hui impossible d’affirmer que ce chiffre représente la moitié des déplacements de population dans le monde.

La dirigeante du Front national a quant à elle déclaré le 4 septembre dernier sur RTL que l’Union européenne recommandait dans les années 50 l’accueil de « 150 millions d’étrangers ». Nous avons appelé la commission européenne qui n’a pas trouvé trace d’une telle recommandation. Le chiffre sort en fait d’un rapport de l’ONU publié en 2001, consacré au problème du vieillissement mondial, sauf qu’il n’a jamais été question de recommandation. L’ONU précise d’ailleurs qu’un tel scénario serait « politiquement inacceptable » et se garde bien de toute préconisation en termes de politique migratoire. Le Front national n’a pas souhaité répondre à nos questions. On sait cependant qu’avant sa fille, Jean-Marie Le Pen utilisait déjà ce chiffre pour sa campagne présidentielle en 2002.

Publié par L’Œil du 20 heures / Catégories : Non classé