Mars, à l'assaut !

Le Mont Sharp, au loin... Crédit: Orbit-Mars

L'objectif ultime est fixé depuis longtemps. A 8 kilomètres devant lui, le robot Curiosty s'apprête à se lancer à l'assaut du Mont Sharp. Sur les images du robot, on a du mal à imaginer que cette "montagne" (même si elle ne ressemble pas vraiment à ça) est plus haute que le Mont Blanc et culmine à 5500 mètres d'altitude. La faute à la perspective et à notre cruelle absence de repères. Pourtant, sur Mars, la plupart des structures géologiques sont gigantesques (Valles Marineris, quatre fois plus longue et profonde que le Grand Canyon; Olympus Mons, deux fois et demi plus grand que l'Everest).

Le mont Sharp (ou Aeolis Mons) trône au centre du cratère Gale, dans lequel Curiosity a atterri en août dernier.

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Les contreforts du mont Sharp laissent apparaître différentes couches sédimentaires qui semblent avoir été subi l'érosion de l'eau. Ce qui intéresse beaucoup les chercheurs. Ne vous y trompez pas. Sur la photo ci-dessous, chaque "colline" fait plusieurs centaines de mètres de haut.

les contreforts du Mont Sharp - Crédit : NASA/JPL/MSSS/Ronald

Les contreforts du Mont Sharp - Crédit : NASA/JPL/MSSS/Ronald

Le trajet prendra sans doute plusieurs mois.

Mais après de nombreuses phases de tests, la résolution d'un bug informatique et l'étalonnage des différents instruments, le robot est enfin prêt à rentrer dans le vif du sujet. Depuis son arrivée sur la planète rouge il y a 9 mois, Curiosity n'est toutefois pas resté inactif, loin de là. Un internaute, Karl Sanford, a compilé en une minute l'ensemble des clichés pris la caméra située à l'avant de l'engin. Regardez.

Les dernières semaines ont été riches, après presque un mois de pause en avril, à cause du blocage des communications avec la Terre par l'alignement de notre planète, du soleil et de Mars.

Pause astronomique

Pendant tout ce temps, Curiosity est resté en veille active, enregistrant les données météorologiques. Le thermomètre martien oscille entre -80 et 0 degrés... La pression atmosphérique martienne est 200 fois plus faible que sur Terre.

Quant aux paysages photographiés par Curiosity (quand il en a le temps, car ce sont des mosaïques longues à assembler), ils sont toujours aussi extraordinaires. Voici d'ailleurs le sujet que je leur ai consacré dernièrement, diffusé au JT 20h.

Il faut savoir que la plupart des photos prises par le robot et diffusées par la NASA existent en plusieurs versions.

Trois ambiances martiennes... Laquelle est la plus authentique ?

Trois ambiances martiennes... Laquelle est la plus authentique ?

La première (à gauche) n'est pas traitée ni calibrée. C'est la photo telle que Curiosity l'a prise. La deuxième (au milieu) a été étalonnée pour s'approche le plus possible de ce qu'un être humain verrait à la surface de Mars, avec la lumière particulière et les poussières de l'atmosphère. la troisième (à droite) a été retraitée pour améliorer les contrastes et la visibilité. C'est bien un paysage martien, mais avec des conditions de lumière terrestres. C'est une donnée importante quand on étudie les photos de tous les robots martiens.

Nouveau forage

Le 19 mai dernier, après avoir repris ses explorations, Curiosity a réalisé un nouveau forage sur une roche voisine (vidéo ci-dessous).

A cet endroit précis, les scientifiques ont acquis la conviction que de l'eau a coulé en abondance. Ils veulent savoir si l'environnement humide qui prédominait il y a trois milliards d'années a permis à la vie d'éclore.

L'aventure continue.

Le problème des radiations

Un nouvel élément est venu se greffer aux pérégrinations de Curiosity. Pendant son voyage dans l'espace vers Mars, le véhicule transportant le robot était équipé d'un instrument mesurant les radiations solaires. C'est une donnée intéressante pour envisager des missions d'exploration habitées vers la planète rouge. Les radiations solaires sont un obstacle technique non négligeable et un danger pour la santé des astronautes qui feraient ce long voyage.

Verdict de Cary Zeitlin, du Southwest Research Institute, un des principaux auteurs l'étude qui vient d'être publiée dans Science: "Le niveau d'exposition aux radiations que nous avons mesuré est juste à la limite ou peut-être au-delà de ce qui est considéré comme acceptable pour toute une carrière d'astronaute par la Nasa et les autres agences spatiales. En termes d'accumulation de doses de radiations, un aller-retour vers Mars équivaut à subir un scanner complet du corps tous les cinq ou six jours".

Il va donc falloir développer des boucliers efficaces contre ces radiations, ce qui n'est pas une mince affaire...