Hospitalidée. C'est son nom. Selon Le Figaro, un Français a créé un site internet gratuit qui permet de commenter et de consulter les avis des particuliers sur les hôpitaux et les cliniques. Deux internes de Souriez vous êtes soignés ! vous expliquent ce qu'ils en pensent :
Oui pourquoi pas...
On est extrêmement privilégiés en France. En plus d’une prise en charge des soins et transports, lorsque l’on est hospitalisé, les draps, la nourriture sont compris dans le service, ce qui est loin d’être le cas dans tous les pays, même au sein de l’Union Européenne où c’est l'entourage des patients qui doit apporter linge et repas… Il ne s’agit pas de comparer hôpital public et clinique privée où le prix du séjour n’est pas le même pour différentes raisons. Mais il est vrai qu’il existe des différences entre les hôpitaux au niveau de la vétusté des locaux, de leur localisation (certains possèdent un joli parc, d’autres sont au bord d’une nationale), certains possèdent une cafétéria sympathique, un Relai H, une terrasse, d’autres pas.
Certaines structures sont à taille humaine, d’autres sont de vraies villes dans la ville et il faut avoir bac + 10 (et encore !) pour s’y repérer. Evidemment, tous ces « détails » ne doivent pas, à mon sens, l’emporter sur la qualité de l’équipe médicale et paramédicale. Il n’est pas toujours évident de trouver une équipe dont l’ensemble des personnes est efficace, disponible et sympathique alors n’en demandons pas trop. Le côté Trip Advisor de ce site donne un aspect « hôtel » à l’hôpital, alors que les patients n'y sont clairement pas pour l’hébergement ou des vacances. Mais à compétence médicale égale, ces « à cotés » ont leur importance, et je comprends qu’ils puissent influer dans le choix d’un centre hospitalier plutôt qu’un autre.
... mais pas au détriment des équipes médicales et paramédicales !
Un TripAdvisor des services hospitaliers ? Mmmhhhh ... La nouvelle me laisse perplexe. Finalement c'est une suite logique des choses : la médecine est devenue un produit de consommation, les patients se croient à l'hôtel lorsqu'ils sont hospitalisés ("Non j'aimerais plutôt aller au scanner après ma série TV" ou "Pas l'opération de l'appendicite maintenant, je chante ce soir à un concert !") et les directeurs d'hôpitaux se pensent à la tête d'une entreprise du CAC40 (lire cet article). La continuité logique des dérives donc. Mais la médecine ce n'est pas que l'hôtellerie ! Certes, on ne peut que déplorer l'état parfois pitoyable des locaux (rideaux déchirés, papier peint arraché, etc) mais ce qui compte avant tout c'est la qualité des soins. Si les patients se mettent à fuire l'hôpital truc où les soins sont excellents à cause de son papier peint, plus rien ne va. Quant à la nourriture, que ce soit clair, c'est dégueulasse partout !
Ce qui m'inquiète davantage, ce sont les appréciation de la qualité des soins. On peut critiquer l'amabilité du personnel, le respect de l'intimité, la communication etc. Pas de soucis. Ce sont des points importants, où le patient doit être satisfait et respecté. Mais il y a tellement d'intérimaires et de turn over dans le personnel qu'un service pourrait payer pour l'attitude d'un membre du personnel "extérieur". C'est surtout sur les questions médicales que le débat prend forme. La médecine est une science complexe (nos 11 ans d'étude ne servent pas à apprendre à danser le rock !) mais pas exacte. Souvent des patients pensent connaître la vérité parce que "ils ont lu que", "leur voisine a eu pareil", "ils ont cru que" etc alors qu'ils font erreur. Leurs jugements sur les soins peuvent être biaisés.
On pourra certainement lire : "Les urgences de l'hôpital chose sont à fuir : ils ont refusé de prescrire des antibiotiques pour mon angine" (note au lecteur : seules les angines bactériennes sont traitées par antibiotiques, pas les angines virales) ou encore "J'étais hospitalisée pour une perfusion de mon traitement et ils ont annulé sans prévenir à la dernière minute sous prétexte que je toussais !!!" (Note au lecteur : un certains nombre de traitement sont parfaitement contre-indiqué s'il existe une infection en cours comme une bronchite ou une pneumonie, car ce serait prendre un gros risque pour la santé du patient - et ça évidemment ça ne se prévoit pas - ) J'aurais encore des dizaines d'autres exemples en tête, de discours qu'on entend régulièrement, et qui parfois persistent malgré de longues explications vulgarisées... Il y aura toujours des gens un peu "reac" qui cracheront sur tout ce qui bouge. Sauf que les conséquences seront plus importantes, pour l'hôpital et le service concerné, mais surtout pour les autres patients. Car la relation de confiance médecin-patient est un point capital du soins et risque d'en pâtir.