Alors qu'un rapport montre que les agressions envers les médecins à l'hôpital comme en cabinet, augmentent, notamment de la part de leurs propres patients, voilà quelques exemples d'agressions par des patients auxquelles j'ai eu à faire face.
J'apporte ses papiers de sortie à M. G, grand gaillard d'une quarantaine d'année. Celui-ci vient de se faire opérer d'une pathologie bénigne, il sort le surlendemain de l'intervention. Il se trouve que M. G est diabétique et est pris en charge à 100% pour cette pathologie là uniquement. C'est à dire , que tous les médicaments qui lui sont prescrits pour son diabète et les complications liées au diabète ne lui coûtent rien. Or, il vient de se faire opérer d'une hernie inguinale, et ça n'a rien à voir avec le diabète.
Mais quelle n'est pas sa colère quand il découvre qu'il va devoir payer son Doliprane et son taxi retour !
" C'est inadmissible ! Normalement je suis à 100%, je ne paie jamais rien !! "
M. G fait partie de ces gens qui ne comprennent pas - ou font semblant de ne pas comprendre - que NON ce n'est pas parce qu'il est diabétique que sa béquille, s'il se casse la jambe au ski, lui sera offerte par la Sécu !
Il monte sur ses grands chevaux, se lève, s'énerve et me lâche : " De toute façon vous n'êtes qu'une connasse, une vraie salope…" Et j'en passe et des meilleures.
Charmant. Bonne journée à vous aussi. Heureusement que mon chef de service a su faire entendre sa voix et que le patient s'est tout de suite adouci.
"Nan mais là t'as pas compris, opère moi maintenant"
Une autre fois je reçois un patient en consultation vers 17h. Le type semble un peu hyperactif :
" Bonjour, voilà, j'ai un calcul dans le rein. Voilà, ça fait plusieurs mois. En fait je ne le savais pas parce que j'ai pas mal mais du coup maintenant je le sais donc voilà, je veux que vous m'hospitalisiez et m'opériez. "
" Oui, montrez moi tout vos examens, on va organiser une hospitalisation. "
"Nan mais là t'as pas compris. (D'où vous me tutoyez ?). Je t'ai dit que je voulais être opéré aujourd'hui, je suis disponible maintenant, j'ai pas que ça à faire."
Le ton monte, vous vous imaginez bien qu'il est difficile de faire entrer une information cohérente dans la tête du patient. Il se lève, commence à me parler de plus en plus près…Mon box de consultation est au bout du couloir, à cette heure là, il n'y a plus grand monde… Glurp.
Ouf, les cris du patients ont alerté un de mes collègues qui bizarrement a plus de poids pour calmer la situation.
Même à l'hôpital, on peut se sentir bien seule.