Les violences contre les médecins ont augmenté en 2013, selon le Conseil national de l'Ordre national des médecins. Une fois sur deux l’agresseur est le patient, et les médecins généralistes sont les premiers touchés. Voici un exemple typique, vécu en pédiatrie, spécialité qui cumule deux difficultés : gérer la communication avec l'enfant (impossible s'il est trop petit), mais surtout avec les parents souvent trop anxieux.
J’étais donc aux urgences pédiatriques, en plein hiver et épidémie de grippe. Les urgences sont bondées, et l’attente est plus que longue et tolérable. Je vois Camille et ses parents. Ils viennent consulter pour la 3e fois en 5 jours car Camille a 40° de fièvre sans discontinuer, elle ne mange rien, elle ne joue plus. A écouter les parents, leur enfant est à l’article de la mort. Et "rien" n’a été fait… En réalité, à la lecture des dossiers précédents et lors de mon examen, effectivement, Camille est fiévreuse, elle a perdu un petit peu de poids mais rien d’alarmant, et il semble très probable qu’elle ait la grippe !
Malheureusement, avec une grippe, il n’y a qu’à attendre que ça passe… Les parents de Camille n’acceptent absolument pas que je leur répète ce que mes collègues leur ont déjà dit. La situation s’envenime, ils exigent que l’on fasse "quelque chose". Le père de Camille se lève, me toise, serre les poings, esquisse des mouvements de tête vers la mienne … il semble faire 2 mètres ! Gardant mon calme comme je peux, je continuer à lui expliquer les raisons pour lesquelles nous n’hospitaliserons pas leur fille, puis sors du box de consultation. Il me suit en hurlant dans le couloir et continue ses insanités devant les autres parents dans la salle d’attente.
L’avantage à l’hôpital, c’est qu’on est entourés : l’équipe paramédicale, les collègues médecins viennent toujours à la rescousse et appellent la sécurité. Au cabinet, la situation est différente, et tout est dans la compréhension des peurs du patient et dans la communication pour réussir à désamorcer ce genre de bombes…