Rose est son troisième prénom

© Emma Defaud

Une histoire du rose, épisode 2

Le rose n’est pas une couleur comme les autres. Elle déteint, se répand, noie n’importe quelle autre pigment, même les teintes les plus sombres. Pour que tout devienne rose, ROSE, ROSE.

Avec les chaussures de princesse, le ver était dans le fruit. Un mois plus tard, on s’est retrouvé à lui acheter un tricycle ROSE, puis rapidement, elle n’a plus voulu mettre que des fringues ROSES, des barettes ROSES et prendre un sac ROSE pour transporter son téléphone Dora ROSE.

Alors quand je lui ai appris que son troisième prénom était Rose - un hommage à son arrière-grand-mère (j’adore mon autre mamie aussi, mais Odette, ça sonnait moins bien) - elle m’a regardé l’air de dire : “Ben, évidemment”.

Remarquez, je n’avais rien contre le rose.

© Flickr tanakawho

C’est de ma faute même. C'est moi qui ai commencé. Au début, avec sa tête de bébé sans cheveux et sa bouille de boule dogue, le rose, ça évitait qu’on lui répète “salut petit gars” et que je bute un passant a priori plein de bonnes intentions.
C’est doublement de ma faute. Quelle idée de demander aux mômes ce qu'ils veulent mettre? Mes parents m'ont imposé des pulls qui grattent et des pantalons en velours, et je n'en suis pas morte.

Bref, c'est de ma faute.

La racine du mal

Chaussures de princesse, mais en fin de vie © Emma Defaud

Une histoire du rose, épisode 1

Avec du recul, je crois me souvenir du jour où tout a commencé. Un peu comme quand on repense à la première dispute au moment du divorce. On se dit qu’on aurait pu juguler les choses si on les avait prises à temps, mais évidemment on a laissé pisser et voilà le résultat.

Ça a commencé le jour de ses 2 ans. La nounou lui a offert des chaussures. Pas n’importe quelles chaussures, pas les babies en cuir qui m’ont coûté un bras, non, les “chaussures de princesse”, là, que vous voyez en photo. Pire que le crack: elle est devenue immédiatement accro. J'ai eu l'impression de reprendre le sport ce jour-là. Elle a les couettes de travers, j’ai une traînée de mascara sur la joue? Séance de catch pour enfiler les nu-pieds blancs. Elle n’est même pas coiffée et je claudique? Course poursuite pour mettre les ballerines bleues. Pour rien vous cacher, le 3e jour, quand elle m'a apporté ses “chaussures de princesse”, j’étais plus branchée lancer de nain.