On est toutes la mauvaise mère de quelqu'un (et inversement)

Ceci n'est évidemment pas ma soupe, mais un excellent potage que j'ai commandé dans un resto, mais j'ai la flemme de faire une photo. © Emma Defaud

Je pourrais vous raconter mes vacances et tenter de justifier quinze jours de silence. Mais j'ai un autre aveu à faire aujourd'hui. Hier soir, j'ai fait quelque chose d'affreux.

Tout commence quand le papa de William, le copain de mon fils, m'appelle dans la journée. Il est en déplacement et le maman du garçon de 6 ans, dont il est séparé, est dans l'impossibilité d'aller chercher l'enfant en raison d'un entretien d'embauche. Heureuse de rendre service, je demande à la babysitter de ramener trois mioches au lieu de deux. Pas très fatiguant pour moi, hein. Je rentre dix minutes avant la maman. Les gamins sont en train de manger de la soupe et des pommes dauphines. Jusqu'ici tout va bien.

C'est quand elle arrive que ça se gâte. Elle est fatiguée, elle vient de stresser, elle a ses courses dans son coffre et son gamin chez une meuf qu'elle ne connait même pas et qu'est-ce que je fais ? Je commence à lui raconter que je fais de la soupe le week-end, pour que les loulous mangent des légumes, et que la babysitter va les chercher à 18 heures, comme ça je rentre tranquille quand ils sont douchés et qu'ils ont mangé. On peut donc partager un moment chouette ensemble, pendant une demi-heure avant de les coucher, car c'est bien qu'ils s'endorment tôt. Huit heures, huit heures et demie au plus tard.

Vous saisissez ce que j'ai fait ? J'ai fait ma connasse. Sans m'en rendre compte, je lui ai dit : "Hé, t'as vu ce que c'est que d'être un bonne mère, madame ?" Moi. J'ai fait ça. C'est inexcusable de ma part.

Plus tard, je me suis rendue compte que, ce discours, je l'avais tenu à une autre mère. Celle-là m'avait regardée pleine de compassion : mes pôôôvres enfants allaient au centre de loisirs (-2), à l'étude (-1), avaient deux babysitters (-1), des parents qui rentraient tard (-2) et ils vomissaient quand on leur donnait des tomates de force (-2 et -2 et -2). Qui eût cru qu'un jour j'aurais le rôle de cette péteuse auprès d'une troisième maman.