Nathalie Kosciusko-Morizet appréciera-t-elle la "première biographie" que lui consacrent Gaspard Dhellemmes (du JDD.fr) et Olivier Faye (La Vie et Slate) ?
La candidate UMP à la mairie de Paris n'a pas de raison de s'en plaindre puisque les deux journalistes n'exhument ni casserole ni scandale inconnus dans NKM, la femme du premier rang (titre de l'ouvrage).
Si le livre n'apporte guère de révélations sur la députée de l'Essonne, il affine certains traits et rend plus saillantes ses techniques de communication, à l'orée d'une année politique qui se conclura, en 2014, par les municipales (et les européennes).
Le parcours parfait de la jeune fille de bonne famille
Les auteurs reviennent sur le trajet de la jeune fille de bonne famille de l'Ouest parisien, diplômée de Polytechnique. L'X (école militaire) permet à la jeune Nathalie, qui fait son service militaire dans la Marine, de s'émanciper.
A en croire l'ouvrage, elle pousse l'esprit de corps jusqu'à accompagner les marins dans les bas-fonds de Djibouti ou "les bouges de Dar es-Salaam" , et s'y s'entretient parfois avec les prostituées.
Elle achève ce parcours typique des élites françaises par l'Ecole national du génie rural et des Eaux et forêts. Puis rejoint comme conseillère économie et développement durable le cabinet du premier ministre Jean-Pierre Raffarin, sous la seconde présidence de Jacques Chirac. Le "bébé Chirac", notent les deux journalistes, a l'intelligence de faire très tôt allégeance à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur.
C'est d'ailleurs sous la présidence Sarkozy que la jeune femme, devenue secrétare d'Etat, puis ministre de l'Ecologie (après un passage à l'économie numérique) commence à se frayer un passage. Des bises à l'écologiste José Bové aux frictions avec son ministre de tutelle Jean-Louis Borloo, premières passes d'armes et début de construction d'une image médiatique écolo-techno-bobo, que sa beauté ("nymphe, diaphane, séraphique, botticellienne seront désormais des qualificatifs accolés à NKM", écrivent les auteurs) ne dessert pas.
Image qu'exploitera Nicolas Sarkozy lorsqu'il lui confiera le porte-parolat ,lors de sa campagne présidentielle 2012. Un gage à l'électorat centriste heurté par la ligne ultra-droitière de son conseiller Patrick Buisson puisque la porte-parole avait écrit, l'année précédente, un court ouvrage contre l'extrême droite, Le Front antinational.
Gommer l'étiquette "héritière"
Pas de scoop, donc, sur cette ascension politique. L'intérêt du livre réside plutôt dans l'épluchage de la couche des communicants qui entourent NKM : l'épaisseur de la strate donne la mesure des ambitions.
Gaspard Dhellemmes et Olivier Faye égrènent une liste "pléthorique" de cinq conseillers en communication. Outre l'attachée de presse Anne Dorsemaine, ils recensent l'ancien directeur de la rédaction de France 2 Jean-Luc Mano, reconverti dans le média-training, un "Stéphane Fouks boy" sorti d'EuroRSCG, Stéphane Schmaltz, la fille de Gérard Longuet, Aurore, et l'ancien compagnon à la ville de la patronne d'Endemol Virginie Calmels, François-David Cravenne.
Un brainstorming de l'équipe conclut à la nécessité de débarrasser Nathalie Kosciusko-Morizet de son étiquette d'"héritière". Donc "l'idée va être de dire qu'à Paris, l'héritière (de Bertrand Delanoë, s'entend), c'est Anne Hidalgo". Beau retournement sémantique pour faire oublier que NKM est fille du maire de Sèvres, petite-fille d'ambassadeur et arrière petite-fille d'un sénateur de la Seine.
L'abréviation NKM a d'ailleurs l'immense avantage de gommer les substantifs accolés de deux dynasties, les Kosciusko et les Morizet. Ce qu'ont bien compris ses adversaires socialistes : "Je l'appelle Nathalie Kosciusko-Morizet parce que c'est son nom et qu'il a une histoire", rappelle Christophe Girard, cité dans le livre. Le terme NKM? D'abord un élément de langage pour celle qui saura se servir de sa campagne parisienne comme tremplin.
Au delà des municipales, se construire une écurie pour la primaire ?
Si elle perd ? Paris est considéré comme difficile à gagner pour la droite et d'autres s'y sont cassés les dents. Si elle gagne ? L'exploit sera salué et elle devient un personnage incontournable, dans son camp comme à l'international.
Elle a un an, donc, pour éclipser (ou pas) en visibilité les autres quadras ou quinquas qui piaffent à l'UMP (Bruno Le Maire, Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez...). Un an surtout , insistent les deux journalistes, pour se construire une écurie. Qu'elle se présente à la primaire UMP pour 2017 - et elle n'en a jamais écarté la possibilité- ou qu'elle attende 2022, elle manque d'affidés.
"Elle n'a pas d'écurie, c'est son principal problème. Je suis capable de vous citer dix noms de députés qui sont capables de se faire couper la tête pour Copé et Fillon, cinq pour Le Maire et Bertrand. Zéro pour Nathalie, assure un ancien ministre de Sarkozy" interrogé par les auteurs. A quarante ans, ce n'est pas encore rédhibitoire pour la biographée de fraîche date.
-> NKM, la femme du premier rang, de Gaspard Dhellemmes et Olivier Faye (édition Jacob-Duvernet, 17,90 euros).