Ce matin sur France inter, 8h50, Serge Raffy, rédacteur en chef du Nouvel Obs, vient parler du livre sur François Hollande à Léa Salamé. Malgré tout le travail qu'il a accompli pour ce livre, il confesse à la jeune journaliste qu'il est comme les autres. Il n'est pas dans les secrets de François Hollande.
Pour que tout le monde comprenne bien ce qu'il a voulu dire, Léa Salamé reformule le propos de Serge ainsi : « Vous n’avez toujours pas trouvé le logiciel..." Percutant, pro, parlant. Pourquoi est-ce la bonne expression ?
De prime abord, cela peut paraître dérangeant de dire "logiciel". Même s'il a un programme, François Holande n'est pas un robot. En réalité, le "logiciel" désigne le mode de fonctionnanement, la manière de penser et d’agir du Président. Lorsqu'on en a la clé, on peut décrypter l'attitude. Sans le logiciel, on ne peut qu'interprêter. L’opinion publique pense que son silence est de l’indifférence. Pour Serge Raffy, c’est de la pudeur. Chacun tente d'analyser, mais personne n'a "trouvé le logiciel" de François Hollande, sa boîte noire, sa matrice.
Au sens propre, un logiciel est un programme informatique. Au sens figuré c’est un schéma directeur politique ou économique Aujourd’hui, quand un homme politique réclame un changement radical, il prône un "changement de logiciel". C'est percutant. Tout le monde saisit. Récemment Michel Chassang, président de l'Union nationale des professions libérales résuma sa position sur la libéralisation de ces professions ainsi : "Le gouvernement doit changer de logiciel." C'est porteur, c'est dans l'air du temps.
On pourrait filer la métaphore des termes informatique et l'appliquer au président. François Hollande a "buggué". Il faut qu’il "reboote". Il est "en mode" autiste pour les uns, "en mode" réservé pour les autres. Il switche de l'un à l'autre comme un commutateur.
Chaque époque est influencée par une industrie. Au XIXème, apogée du textile en Europe, on disait : "C’est cousu de fil blanc", "broder", "dérouler la pelote de l’intrigue".... On le dit encore. Aujourd’hui, nous sommes à l’ère de l’informatique. On bugge, on est "en mode" déconnexion, comme Firefox. On critique Patrick pour sa lenteur en disant qu'il "n'est pas un pentium". On a la "mémoire vive" affectée par le manque de café...
Qu'on les aime ou non, ces expressions demeureront, elles font partie du nouveau français, en tout cas je les ai consignées dans le Dictionnaire du nouveau français. Qu'on le veuille ou non, c'est l'industrie dominante. Elle est à la source de nos activité sociales, politiques et économiques. Plein de mots viennent et viendront de l'informatique. Le fait qu'on les applique à l'individu, signifie--t-il que l'on devient machinal ? Et surtout, question cruciale, quelle est la version du logiciel de François Hollande ?