Violences conjugales : "Il faut intervenir avant qu'il y ait un cadavre" insiste Luc Frémiot, magistrat.

200 silhouettes représentant les victimes des violences conjugales. Nantes, mars 2004

 

"Ce n'est pas mon histoire, c'est la leur" écrit Luc Frémiot dans son livre "Je vous laisse juges" (Ed Michel Lafon). C'est pourtant devenu un peu la sienne. Car cet avocat général près la cour d'appel de Douai est devenu depuis dix ans le porte-drapeau d'un combat jusqu'ici ignoré par la justice: le combat contre les violences intrafamiliales. Tout commence par deux affaires que le magistrat a eu à connaitre. D'abord celle d'une femme morte d'une décharge de plombs en pleine poitrine. Le tireur n'est autre que son ex-compagnon avec qui elle voulait rompre. Un homme qui la battait régulièrement. Elle n'a jamais voulue le dénoncer, par peur et parce que c'était aussi le père de leur enfant. Il y eu d'abord les coups. Puis un jour, le crime. La justice est arrivée trop tard.

Six ans plus tard, Luc Frémiot requiert contre un homme accusé de tentative de meurtre. Ce dernier s'est livré à un odieux chantage. "Tu ne passeras pas Noël" dit-il à sa femme. Le mari envoie, pendant plus de 20 jours, un décompte macabre à sa future victime. Cette dernière prévient la police. Cela n'ira pas plus loin que la main courante. Blessée, elle s'en sortira miraculeusement et témoignera de son calvaire aux assises.

Le magistrat aurait pu se contenter de requérir contre les maris violents. Mais il a préféré s'investir, chercher des solutions pour aider les femmes, prendre en charge les auteurs, faire bouger les mentalités. Policières, judiciaires, puis politiques. Il a depuis fait école. En France d'abord. Dans sa région, il fait chuter le taux de récidive de 30% à 6%. En 2010, Jean-Pierre Raffarin, premier ministre, déclare la lutte contre les violences conjugales,  "grande cause nationale". Des lois sont votées. A l'étranger ensuite. On vient du Canada ou du Japon pour le consulter.

Avec Hervé Pozzon nous avons rencontré Luc Frémiot afin qu'il apporte son témoignage à l'occasion de cette semaine consacrée aux violences conjugales sur France Télévisions.

 

 "Un long combat car avant c'était considéré comme entrer dans l'intimité du couple."

 

(D.Verdeilhan/H.Pozzo)

 Pour permettre aux victimes des violences conjugales de sortir de l'isolement, France Télévisions a mis en place une plate forme de témoignages.

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