Quelques jours après l’entrée en campagne de Nicolas Sarkozy, Alain Juppé fait sa rentrée ce samedi à Chatou dans les Yvelines. Le favori des sondages doit relever plusieurs défis à moins de trois mois du premier tour de la primaire de la droite.
Résister au buldozer Sarkozy
Officiellement la candidature de Nicolas Sarkozy n’est pas un sujet: « c’est tout sauf une surprise » assènent les juppéistes, pas du tout effrayés en apparence par la guerre éclair que promet l’entourage de l’ancien président. « A la sortie de son premier livre on nous avait annoncé le blast, cela n’a rien fait bouger ! » ironise l’un des plus proches conseillers du maire de Bordeaux. « Sarkozy a peut-être pris l’autoroute mais il y a beaucoup d’embouteillages ! » sourit un autre, référence à la petite phrase de Nicolas Sarkozy qui avait assuré qu’une fois lancé on ne pourrait plus l’arrêter. Les juppéistes sont au contraire convaincus que beaucoup d'électeurs de droite ne veulent plus de l'ancien chef de l'Etat. « Plus il se montre, plus il est lui-même, plus il chute. Qu’il continue ! » ironise l'un d'eux.
En revanche pas question de laisser Nicolas Sarkozy dérouler tranquillement ses propositions. Ils vont cibler son projet « pas crédible du tout » selon un jeune conseiller d’Alain Juppé. « En 230 pages il n’y a que des constats mais aucune solution opérationnelle, cela doit devenir un vrai angle d’attaque pour nous ». Ce dernier s’inquiète même d’une « trumpisation » d’une partie de la droite qui tomberait dans une « culture de la contestation et de la destruction » et abandonnerait la « culture de gouvernement ».
Assumer « l’identité heureuse »
Dans presque toutes ses interventions depuis sa candidature Nicolas Sarkozy s’attaque à « l’identité heureuse » défendue par son grand rival. Là aussi, pas question de changer de ligne pour le maire de Bordeaux bien décidé à assumer cet objectif comme il le fait dans une interview au Figaro ce samedi. « Nicolas Sarkozy feint de penser que ce serait un constat alors que c’est un but » explique le maire du Havre Edouard Philippe. Le même s’étonne d’ailleurs : « En parlant de l’identité heureuse Sarkozy choisit notre terrain, c’est curieux pour quelqu’un qui prétend fixer l’agenda et le tempo de cette campagne, là c’est tout l’inverse». « Juppé doit être aussi ferme que Sarkozy sur le régalien tout en restant rassembleur, c’est une ligne de crête pas facile à trouver. Etre ferme sans les outrances de Sarkozy».
Susciter un vote d’adhésion
C’est l’autre grand défi du maire de Bordeaux : créer un vote d’adhésion, pro-Juppé et ne pas être seulement le réceptacle de ceux qui ne veulent plus de Nicolas Sarkozy. « Avec Juppé il n’y a aura jamais d’adhésion émotionnelle mais il faut créer une adhésion rationnelle » constate lucide un de ses conseillers. Un ancien ministre ajoute néanmoins : « il ne faut pas que cela soit juste raisonnable, le raisonnable parfois c’est chiant, il faut aussi du cœur ! »
Juppé « plus présent et plus réactif »
Un nouvelle étape de la campagne vient de s'ouvrir, les proches du maire de Bordeaux le reconnaissent bien volontiers. « Jusqu’ alors nous étions dans un travail de fond, pas très spectaculaire mais utile. Aujourd’hui nous entrons dans une phase de confrontation directe, c’est évidemment un exercice différent . Juppé lui-même sera plus présent, plus agile, plus réactif » promet l’un de ses soutiens les plus fidèles qui reconnait bien qu'il y aura quelques ajustements à apporter.