Le couple

Le couple, l’engagement durable : comment le vivent les jeunes, comment se projettent-ils ?

46% des jeunes européens disent qu’ils pourraient parfaitement « être heureux » sans « fonder une famille » (51% des garçons, mais juste 42% des filles). Les chiffres ne varient pas, que l’on ait entre 18 et 25 ans, ou 26 et 34. Quasiment la moitié d’une génération, c’est quand même beaucoup.

Logique donc, que lorsqu’on leur demande « Quand tu te projettes dans l’avenir, tu te vois vivre comment », ils ne sont que 54% à se voir mariés ou avec l’équivalent d’un PACS. 26% se voient « en couple », 7% « en famille » et 9% sans enfant quoi qu’il arrive. Seuls 5% se voient vivre seuls.

Le mariage est « un rêve » pour moins d’un jeune européen sur deux : 45%. Le mariage est « un bout de papier » pour 28% et franchement « pas pour moi » pour 27%.  Les écarts filles-garçons sont à peine significatifs, mais montrent que c’est plus « un rêve » pour les garçons (47%) que pour les filles (43%).

Ces chiffres pourraient laisser entendre que derrière l’idée de famille, c’est l’idée même du couple qui perdrait du sens pour cette génération. Rien de plus faux. À la question : « C'est quoi, le couple pour toi? » 45% répondent « le bonheur », 33% « un engagement » et 6% « un plaisir ». Seulement 2% répondent « une douleur » et 14% en font un objectif « rassurant ». C’est donc 84% des jeunes européens pour qui la notion de couple reste une valeur forte, structurante et positive.

Ce recul de la volonté de fonder une famille (45% qui se disent pouvoir être heureux sans en fonder une) peut s’expliquer non pas dans des valeurs en mouvement mais par le vécu amoureux de cette génération. À la question « Être en couple sans amour, pour toi, c’est déjà fait, possible ou inenvisageable ? » 16% répondent « déjà fait » et 25% « possible », soit un total de 41% pour qui l’expérience de couple a pu, peut ou pourrait être négative.

Dans certains pays, cette perception négative est particulièrement poussée : en Italie, 43% des jeunes pensent qu’il est possible de vivre en couple sans amour (juste 40% pour qui c’est inenvisageable) et 47% en République Tchèque (31% inenvisageable). Ils sont encore 31% en Espagne (avec 14% en plus qui l’ont déjà fait, c’est un total négatif de 45%), et carrément 33% en Irlande à l’avoir déjà vécu (20% pour qui c’est possible, soit un total négatif de 53%). En France, ils sont 62% à penser que c’est inenvisageable, mais 24% quand même que c’est possible et 14% qui l’ont déjà vécu. L’Autriche, la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne et la Suisse sont sur des chiffres similaires à la France.

La prolongation démesurée de cet « âge jeune », plus adolescent mais pas encore adulte, se concrétise par une accumulation d’expériences amoureuses qui, forcément, se terminent mal le plus souvent. Mais c’est plus une grande amertume affective qui se dessine qu’une rupture formelle avec le modèle familial. Ce chiffre de 84% qui continue à associer les mots « bonheur », « engagement » et « plaisir » à celle de couple prouvent que cette génération reste dans sa très grande majorité « fleur bleue ».