"Mort aux vieux", "féministe", "tous pourris",... les titres des thèmes exposés sur Génération Quoi ? sont volontairement provocateurs, c'est vrai, mais le but n'est pas vain. Quand ils permettent de susciter des réactions, on se dit que l'objectif est atteint.
C'est le cas par exemple du thème "Génération Feignasse". Nous avons choisi de publier ci-dessous certains de ces commentaires, particulièrement intéressants pour cette étude.
Par Héloïse
Feignasse ??? Est-ce parce que j'ai cliqué sur "Je suis chômeuse" ? Car je le suis, depuis cinq mois, après douze ans à bosser non-stop dans des entreprises qui me sous-payaient et où le harcèlement moral régnait en maître, où les lois connes et vaines du management, le véritable cancer du travail, en ont brisé plus d'un. Incroyable de lire dans les commentaires, en filigrane, que les chômeurs le font exprès et se repaissent de leurs allocs. C'est une expérience que je ne souhaite à personne, angoissante, terrifiante même, quand on ne voit rien venir alors qu'on passe ses journées à envoyer des candidatures spontanées, à se former, à tenter d'élargir mes horizons professionnels, à "réseauter", à être à l'écoute d'un marché de l'emploi qui ne vous parle plus dès lors que vous en sortez.
Mettre une pointeuse pour nous forcer à lire les annonces mais quelles annonces ? Etre au chômage, c'est comprendre aussi que lorsqu'on est actif, on ne cotise pas "pour rien", on cotise pour soi - car perdre son emploi, ça arrive à tout le monde, je suis cadre, diplômée et pas mauvaise dans mon domaine, ce qui n'empêche que je ne retrouve pas de travail - et pour les autres, c'est ça, le pacte social. J'espère lui faire honneur en retrouvant très vite un travail ou en me le créant moi-même... mais par pitié, arrêtez de penser que le chômage, c'est le Club Med. Vous ne savez pas de quoi vous parlez.
Par ailleurs, non, on ne croit plus aux diplômes en France, et ils ne font pas tout, à vrai dire ils ne font plus rien, et c'est dramatique car comment motiver les écoliers à essayer de se dépasser, d'être bons ? J'ai fait de longues études dans des établissements prestigieux, et je galère comme tout le monde. Quand on veut, on peut... ? Je pensais avoir mis toutes les chances de mon côté en étant sérieuse, honnête et en faisant mon boulot avec enthousiasme, et pourtant, aujourd'hui, je suis dans l'impasse comme beaucoup de trentenaires. La faute à qui ? A une déshumanisation progressive du travail, entre autres. On prend les salariés pour des robots qu'on charge jusqu'à ce qu'ils craquent plutôt que de créer des emplois supplémentaires, ou de remplacer les départs. Parce qu'"il fait froid dehors", parce que "vous ne mesurez pas la chance que vous avez de travailler".
La crise a très bon dos, et on se trompe de cible en accusant l'école et les profs, qui font ce qu'ils peuvent, c'est à dire l'un des rares derniers métiers nobles avec les personnels soignants... Ouvrez les yeux, on est en train de vous laver le cerveau en vous trompant sur les vrais responsables de cette crise : des gamins qui font joujou avec des millions comme ils s'amuseraient avec leur Smartphone au dernier jeu débile en date...
Par Maximova
Génération feignasse, moi ? Venir en France à 15 ans sans parler un seul mot, 8 ans après avoir son Bac, la Licence en LEA puis vouloir trouver un travail mais personne ne veut engager une étudiante étrangère qui ne peut travailler à plein temps. Habiter une ville à 90 km de Paris et qui a 10 000 habitants donc pas beaucoup du boulot, vivre chez mon beau-père qui ne m'aide pas financièrement et ma mère qui ne travaille pas.
Vouloir déménager a Paris pour trouver un boulot mais pour louer un appart faut montrer les fiches de paye avec 2000€ par mois donc pas possible. "Si on veut on peut" mon cul, oui ! Et vu que je n'ai pas de promesse d'embauche je fais une demande de naturalisation, 2 ans d'attente et le Ministère qui me répond que je suis "venue pour étudier" et qu'il me faut attendre encore 2 ans avant de faire une nouvelle demande. Alors que j'ai pas de ressources et je n'en peux plus des études. En Russie, mon pays natal, à 23 ans on termine d'étudier et trouve déjà un premier boulot. Je suis la génération sans avenir, du moins dans ce pays.