Pourquoi on enterre un peu trop vite Atari

La nouvelle, parue lundi 21 janvier, a eu un effet retentissant : Atari, qui a commercialisé le mythique jeu d'arcade Pong il y a un peu plus de 40 ans, dépose le bilan. Il n'en fallait pas davantage pour que la presse enchaîne les articles alarmistes et nostalgiques, du genre "Game Over pour Atari" ou "Atari, c'est fini". De quoi pleurer la mort de ce pionnier du jeu vidéo, à qui l'on doit le mythique ordinateur Atari ST et la console Atari 2600 ? Pas forcément.

Certes, la santé financière de la maison-mère basée en France, Atari SA, est alarmante. Celle-ci devait rembourser avant le 31 mars 21 millions d'euros à son actionnaire principal, qui cherche depuis plus de deux ans à vendre ses parts. Le distributeur de jeux vidéo avait en outre échoué dans sa tentative de relance en décembre, lorsqu'il avait cherché à lever 20 millions d'euros. La procédure de dépôt de bilan, effectuée volontairement, permet dans ce cadre de "geler les dettes et essayer de trouver un terrain d’entente avec les créanciers, ce qui faciliterait un rachat de l’entreprise", rapporte Le Figaro.

"Atari survivra. Ça ne sera pas la première fois."

Car malgré le tableau économiquement peu flatteur dressé par les médias, l'entreprise garde une valeur certaine. Atari est en effet étroitement associée à l'histoire des jeux vidéo, et a prouvé par le passé que des investisseurs étaient prêts à mettre la main à la poche sur son simple nom. Au cours de sa longue vie, la marque est entre autres passée sous le giron de Warner, de Namco, de Hasbro interactive ou enfin d'Infogrames. Sur le site communautaire Reddit, un internaute explique ainsi qu'il ne s'en fait pas pour Atari : "Un autre distributeur va racheter le nom et la marque, et Atari survivra. Ça ne sera pas la première fois".

Ses filiales américaines (Atari Inc., Atari Interactive Inc., Humongous Inc. et California US Holdings) tirent en outre Atari par le haut. Pour tirer profit du phénomène retrogaming, elle mise sur les produits dérivés et sur les adaptations pour smartphones de ses hits des années 1979 et 1980. Sur iPhone, l'application Atari's Greatest Hits revendique ainsi plus de 6 millions de téléchargements, malgré des notes décevantes. De quoi attiser les convoitises.

Atari est enfin propriétaire d'un catalogue de jeux considérés comme mythiques, et potentiellement profitables. Le Figaro relève ainsi qu'outre Pong, Atari possède les droits d'Asteroids et du jeu de gestion de parc d'attractions RollerCoaster Tycoon. Des fans de cette franchise ont d'ailleurs accueilli la nouvelle de manière très favorable sur Reddit : "Atari, qui détient les droits de RollerCoaster Tycoon, n'en a fait qu'une chose : créer RollerCoaster Tycoon 3. (...) Après, ils n'ont pas exploité ces droits, parce qu'ils refusaient d'investir du temps et de l'argent dans un nouvel épisode. La bonne nouvelle, c'est qu'ils sont en faillite. (...) J'ai vraiment hâte qu'un nouveau développeur achète les droits et fasse une suite", indique un internaute. La fin des bons vieux jeux d'Atari est encore loin.

Publié par Vincent Matalon / Catégories : Non classé