Mis en cause dans la désormais célèbre affaire du "chantage à la sextape" de Valbuena, Karim Benzema a décidé de réagir publiquement en prenant la parole ce soir dans le JT de TF1 suite à sa mise en examen pour « complicité de tentative de chantage » et « participation à une association de malfaiteurs » comme le rappelle le Monde qui publie ce jour le procès verbal de son audition. Une décision à l'emporte-pièce beaucoup plus dangereuse qu'elle n'y paraît pour le footballeur même s'il est question de ne peut-être pas diffuser ces images. On vous explique pourquoi.
Parce que cette interview a été enregistrée
Sans doute Benzema pensait-il que l'enregistrement lui permettrait de maîtriser l'exercice de communication. Erreur majeure ! Comment paraître sincère lorsque l'interview est montée ? Dans les cas de communication de crise, car il s'agit bien de cela pour le footballeur dont la réputation et la carrière sont mises à mal, pas possible de "tricher". Il faut intervenir en direct, quitte à paraître hésitant. D'autant plus que le footballeur n'avait pas prévu la parution de son audition dans le Monde de ce jour. C'est le propre des crises : elles génèrent des difficultés en chaîne. Impossible d'être réactif. Son avocat compte désormais porter plainte pour violation du secret de l'instruction. Illisible s'agissant de communication.
Parce que le 20h est un exercice périlleux
Et Benzema n'est pas bon à ce jeu là. La prise de parole en public n'a jamais été son fort. Or, le "20 heures" n'est pas un passage télévisé anodin, même pour un entretien enregistré. S'il intervient pour allumer un contre-feu, il est mort médiatiquement. La solution d'une prise de parole en prime time n'est envisageable que dans le cas d'un "mea culpa". L'objectif ? Faire profil bas et disparaître par la suite. S'il s'agit de se défendre, un autre media à une heure de moindre écoute est une solution beaucoup plus judicieuse. Un impératif en temps de crise : il ne faut ne jamais répondre à chaud, mais s'engager sur un délai de réponse et analyser, autant que faire se peut, la couverture médiatique en temps réel pour rectifier les informations erronées publiées. Il semble que Benzema soit non seulement mal entouré, mais également mal conseillé.
Parce que la disparition pure et simple du radar médiatique était la seule stratégie tenable
La question du timing est primordiale : intervenez trop vite et vous ne serez pas prêt ; trop tard et vous aurez laissé la rumeur enfler. L'un des écueils majeur est très certainement de s'enfermer dans une "tour d'ivoire" et de ne pas communiquer. Le "no comment" est spontanément associé à la culpabilité. Quant à la réponse "indisponible", elle sera interprétée comme un manque de sérénité. Or, si vous n'intervenez pas, quelqu'un d'autre s'en chargera à votre place. Autant maîtriser un tant soit peu la situation. Mais dans le cas de Benzema, cette intervention intervient non seulement trop tard, mais après une communication plus que confuse et l'intervention de Manuel Valls dans le jeu : "Un sportif, s'il n'est pas exemplaire, n'a pas sa place en équipe de France". Le temps judiciaire n'est pas celui du temps médiatique. La seule stratégie tenable pour le footballeur était la disparition pure et simple du radar médiatique pour que la justice passe.
Anne-Claire Ruel
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