Le moins qu'on puisse dire c'est que les sélectionneurs de l'Equipe de France ont eu maille à partir avec l'opinion. Aimé Jacquet n'a été porté aux nues qu'à l'issue de la finale de Coupe du Monde, le 12 juillet 1998, le trophée en poche, après avoir été sévèrement critiqué. Que dire Raymond Domenech, véritable punching ball médiatique, qui a pour ainsi dire été sacrifié par la Fédération Française de Football, assumant à lui seul, la fronde des joueurs au Mondial en Afrique du Sud en lisant lui même le communiqué de grève des footballeurs devant un parterre de journalistes médusés. Pas plus brillant pour Laurent Blanc qui dû essuyer les injures de Samir Nasri envers un journaliste et gérer la polémique qui s'en est suivie. De là à dire que la communication des entraîneurs est une communication de crise permanente, il n'y a qu'un pas. Et à ce jeu, Didier Deschamps s'impose avec brio. Avant France-Islande il a déjà remporté le titre de... meilleur communicant. Pourquoi ?
Parce qu'il connaît très bien les médias
Didier Deschamps a lui même été consultant sportif pour la télévision. Il connaît par coeur le monde médiatique et ses rouages. "La com’ n’est pas un fardeau mais un jeu" explique le sélectionneur. Didier Deschamps s'amuse en conférence et cela s'entend. Un très bon article de L'Equipe reprend d'ailleurs, non sans humour, toutes les techniques de communication du sportif : assommer son interlocuteur à grands coups de platitudes, refuser de répondre à certaines questions ou laisser les journalistes le faire à sa place, réagir à des interpellations imaginaires, ou bien botter en touche via une plaisanterie. Didier Deschamps maîtrise parfaitement le trible verbal qui consiste à prendre acte de la question tout en orientant le journaliste vers un autre sujet susceptible de l’intéresser.
Parce qu'il a réagi avec professionnalisme lors de l'affaire Benzema
En ramenant toujours les journalistes sur les faits, la mise en examen de Karim Benzema, sans la commenter, sans entrer dans l'affect, Didier Deschamps a parfaitement relevé le défi qui se présentait à lui sur fond de polémique entretenue par le joueur madrilène lui-même. Pas d'autre posture adopter que la sienne face à des accusations de racisme. Après l'interview de Karim Benzema donnée dans un quotidien espagnol sur le sujet puis l'intervention de son meilleur ennemi, Eric Cantona, mettant de l'huile sur le feu, il a gardé le silence et n'a réagi qu'en donnant une interview à l'AFP le 2 juin 2016 : "Aujourd'hui, il y a des gens qui n'aiment pas l'Equipe de France et qui ne l'aimeront pas. On n'est pas là pour faire l'unanimité". La non sélection du joueur pour disputer cet Euro a très bien été comprise et acceptée par l'opinion, lassée des frasques de l'attaquant.
Parce que la "star" de l'équipe de France, c'est lui
Très respecté par ses joueurs, Didier Deschamps a un palmarès unique au monde en tant que footballeur comme entraîneur. Il est par ailleurs soutenu sans faille par le nouvel homme fort à la tête de la sélection, le président de la Fédération Française de Football, Noël Le Graët. Le tandem fonctionne très bien. Contrairement à toutes les ères footballistiques précédentes où les Fédérations pâtissaient d'un manque de leadership. Noël Le Graët laisse sous le feu des projecteurs Didier Deschamps : pas de double discours, un seul et unique porte-parole. En termes d'incarnation de la communication, la répartition des rôles est totalement maîtrisée. Au point qu'on peut se demander si la vraie star de cette Equipe de France n'est pas... l'entraîneur.
Anne-Claire Ruel
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