Demain, l'intervention de Nicolas Sarkozy sera décryptée profondeur par les observateurs et analystes politiques. Mais d'ores et déjà, à chaud ce soir, quelques clés de compréhension de la partition qui s'est jouée sous nos yeux. La stratégie de communication de Nicolas Sarkozy en trois points :
Donner une allure présidentielle à cette interview
Pas moins de deux journalistes, Gilles Bouleau et Jean-Pierre Elkabbach, de deux médias différents -radio et télévision-, pour interroger Nicolas Sarkozy. Cela vous rappelle quelques chose ? Une interview présidentielle évidemment ! Objectif "visibilité" pour imposer son message. Si vous ajoutez à cela les conditions d'enregistrement dans le bureau même de Nicolas Sarkozy, et non sur le plateau du JT, on comprend aisément le choix qui a été fait : prendre de la hauteur, "jouer à domicile", et garder la main sur le contenu en cas de dérapage via l'enregistrement. Pour s'assurer de son bon déroulé, le Président de la République sortant n'a pas hésité à s'appuyer sur son ex conseiller en communication, le discret Franck Louvrier. Toujours attentif aux moindres détails.
Jouer la carte de l'opinion contre la justice
"Je veux dire à ceux qui nous écoutent (...) que je n'ai jamais trahi leur confiance. Que jamais je n'ai commis un acte contraire aux principes républicains, ou à l'état de droit.". La stratégie est claire. Nicolas Sarkozy "veut prendre les Français à témoin". Et plus que les Français, les militants de son propre parti. Car il le sait parfaitement, les militants sont "LA" condition sine qua non de son retour en politique. Ne pas réagir, c'est toujours laisser les autres raconter votre histoire à votre place. Ne pas faire de commentaire, synonyme de culpabilité. Nicolas Sarkozy a donc choisi de lancer un contre-feu médiatique. Peut-être trop vite, sans doute trop sous le coup de l'émotion à chaud, mais sa marge de manoeuvre est faible. Il lui faut absolument s'assurer du soutien des militants UMP pour s'emparer du parti. Et force est de constater que sur Twitter, ses soutiens sont bien présents.
Plus qu'un contre-feu, mener une offensive politique
"La question de savoir si on renonce ne se pose pas pour moi. Vis-à-vis de son pays, on a des devoirs, on n’a pas des droits." Le ton est donné. Plus qu'un contre-feu, Nicolas Sarkozy lance une offensive et marque son retour. La violence des mots employés contre la juge "syndiquée", mais aussi Christiane Taubira, Michel Sapin, Manuel Valls et François Hollande, laisse peu de doute sur la question. Il place très vite le combat dans la sphère politique, faisant peut-être le calcul d'un Berlusconi. Gagner l'élection présidentielle de 2017, c'est s'offrir une relative tranquillité judiciaire. Passée la diffusion de l'interview, il laisse ses soutiens s'occuper du SAV sur les plateaux télé et se rend au restaurant avec son fils, Louis, tout en serrant des mains sur son passage. Là encore, le message envoyé est celui d'un homme relativement confiant qui ne fuit pas les caméras.
Demain, les médias reviendront en détail sur l'exégèse de son intervention. Mais ce soir, pas de place à l'incertitude : Nicolas Sarkozy est bien de retour.
Anne-Claire Ruel
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