Ce que nous révèle l'arrivée de Sibeth Ndiaye, Cédric O et Amélie de Montchalin au gouvernement

Sibeth Ndiaye aux côtés d'Emmanuel Macron à l'Elysée, le 17 octobre 2017. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Coup de tonnerre en cette fin de dimanche après-midi ensoleillée. La nouvelle est tombée : en remplacement des départs de Benjamin Griveaux, Mounir Mahjoubi et Nathalie Loiseau, Sibeth Ndiaye, la controversée conseillère presse du chef de l'État (elle avait assumé mentir défendre le "chef") est nommée porte-parole du gouvernement tandis que Cédric O, conseiller conjoint de l'Élysée et de Matignon prend en charge le secrétariat d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances (Bruno Le Maire) et du ministre de l'Action et des comptes publics (Gérald Darmanin), en charge du Numérique. Son nom, bien qu'inconnu du grand public, avait été mentionné au moment du piratage des boîtes mails de certains membres du mouvement en pleine campagne électorale. Enfin, la députée Amélie de Montchalin  plusieurs fois pressentie pour faire partie de l'exécutif est nommée secrétaire d'État en charge des affaires européennes. Certes un remaniement de très faible ampleur, mais qui est lourd de signification. 

Emmanuel Macron est un homme seul

Pour ceux qui en doutait encore un seul instant, en décidant de faire entrer au gouvernement deux de ses conseillers de l'Élysée après une vague de départs au sein de son équipe (Fort, Amiel, Emelien notamment), Emmanuel Macron montre aux yeux de tous qu'il ne possède aucun joueur sur le banc de touche, prêt à entrer sur le terrain. Las, le chef de l'État semble aujourd'hui bien solitaire face à l'épreuve du pouvoir. Une constante vous me direz. Le château se transforme souvent en prison pour qui l'a autrefois conquis. A ceci près que le président a décidé de ne pas s'entourer de politiques. En choisissant un exécutif de ministres techniciens, il se trouve de facto contraint de se mettre en scène lui-même. Pire aujourd'hui, de placer ses conseillers à la tête de la campagne des européennes ou bien encore à l'exécutif. Où sont ces responsables politiques, piliers inébranlables, délimitant le champ de ses prises de position ? Peut-il tenir la distance seul en scène, uniquement entouré de son clan de trentenaires ? 

La fonction du premier ministre est une nouvelle fois affaiblie

Le passage au quinquennat avait déjà précédemment considérablement affaibli la fonction du Premier ministre pour le transformer en simple exécutant. Aujourd'hui, en nommant des conseillers proches de lui au gouvernement, dont sa conseillère presse au porte-parolat (alors même qu'elle a publiquement assumé de mentir pour protéger l'Élysée), le chef de l'État restreint toujours un peu plus le champ d'action du premier ministre pour accroître le sien, lui qui cumule déjà les fonctions de représentation régalienne et de décisions opérationnelles. À noter aussi : le poste des Affaires européennes perd de sa superbe. Comme le remarque sur Twitter Frédéric Says, journaliste sur France Culture : 'Nathalie Loiseau était "ministre auprès du ministre" Jean-Yves Le Drian. Sa remplaçante Amélie de Montchalin sera elle "seulement" secrétaire d'État'En nommant des personnalités inconnues du grand public, des soldats de la macronie au service du "chef", il entérine de fait la mise sous tutelle effective de l'exécutif. Et visiblement, ce ne sont que des "jobs" sans espace politique si l'on en croit le tweet de prise de fonction de Sibeth Ndiaye...

Un pas est fait en direction des conservateurs

Nous connaissions déjà les velléités de triangulation d'Emmanuel Macron pour tenter de s'emparer des thématiques de la droite afin de les utiliser à son profit. Ce penchant tactique semble se confirmer. Pascal Tournier, Rédactrice en chef adjointe de la Vie Hebdo n'a pas manqué de le souligner : lors de son déplacement pour rendre hommage aux résistants de Glières ce week-end, le chef de l'État a plusieurs fois évoqué la notion d'enracinement, très chère aux partisans de la droite conservatrice.

Celui qui se définit comme progressiste tente, depuis quelques jours de pénétrer sur les terres de François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux européennes, pour y braconner quelques éléments de langage.

D'ailleurs, Pascale Tournier remarque sur Twitter que deux des trois personnalités nommées au gouvernement (Cédric O et Amélie de Montchalin) sont des catholiques. Alors certes, il ne s'agit pas en soi d'une information capitale et il n'est pas question de recenser les gens en fonction de leur appartenance religieuse. Toutefois, il faudra surveiller dans les prochains jours les sorties du chef de l'État pour voir s'il accentue ce mouvement vers la droite conservatrice afin de capter un électorat qui ne lui est pas acquis.

Une chose est sûre, si les éditorialistes ne manqueront pas de commenter ces changements, l'information principale de ce remaniement c'est qu'une fois de plus, il ne risque pas de passionner les foules, déjà passablement en colère.

Anne-Claire Ruel

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