Non, je plaisante évidemment... Quelle mouche a piqué Hatem Ben Arfa ? Ce dimanche 26 mars, le joueur du PSG a publié deux vidéos. La première mettant en scène sa situation sportive ainsi que son mal être au sein de l'équipe ; la seconde évoquant l'amorce de sa nouvelle vie et ses premiers pas d'acteurs. Décrié, comme il est souvent d'usage sur les réseaux sociaux, notamment après sa première vidéo larmoyante qui a rendu inaudible la suivante, le footballeur est raillé pour l'amateurisme de sa communication. Certes, elle n'est pas bonne. Mais elle n'est pas non plus "SI" mauvaise. Si, si, ON VOUS DIT. Contre vents et marées, et parce que je ne suis pas à une cause perdue près, je vous explique pourquoi. Accrochez-vous, c'est parti. Second degré requis.
Parce que Ben Arfa a compris qu'il fallait être son propre média
Pour donner "sa" vérité, tout incriminant pas frontalement son entraîneur Emery, Hatem Ben Arfa manie la communication sensible. Et qui dit communication sensible, dit verrouiller le contenu proposé pour devenir son propre média. L'objectif est simple : plutôt que se confronter à des journalistes qui l'auraient nécessairement interrogé sur ses relations exécrables avec l'entraîneur, il fait passer le message de manière sioux avec une musique larmoyante pour faire pleurer dans les chaumières-vestiaires de l'entente sportive de Gennes - Les Rosiers ce dimanche matin : "Je suis un compétiteur, un champion. C'est compliqué d'accepter d'être remplaçant", explique-t-il, face caméra, sans jamais citer le nom de l'entraîneur parisien. Et même si la vidéo le met en scène seul, déambulant sans but, sur l'île de la Jatte, façon "je suis un homme mais j'ai des fêlures", l'amateurisme du message tranche avec la communication très (trop) aseptisée des clubs de football internationaux, ce qui lui donne paradoxalement une forme de sincérité. Alors certes, Hatem Ben Arfa aurait dû attendre avant de s'exprimer : dans le contexte actuel d'extrême tension cela peut-être perçu comme une tentative de déstabilisation malvenue après l'humiliante défaite contre le Barça que nous essayons tous d'oublier. Mais le temps de réaction doit être nécessairement rapide pour atteindre son objectif : jouer.
Parce qu'il cible sa communauté de fans
Un joueur de niveau international comme Hatem Ben Arfa est aussi une marque. Et comme toute marque, il a des "clients", aka ses fans, qu'il essaie de mobiliser en vue de faire pression sur la direction de son Club. C'est ce coeur de cible que l'ex Niçois a voulu toucher en publiant la vidéo sur Facebook car ils sont les premiers "ambassadeurs" de son image et ce sont donc les premiers interlocuteurs à convaincre. Le footballeur s'adresse à eux, sans ambages, en livrant ses erreurs d'appréciation dans un message résolument empathique. Attention, séquence E.M.O.T.I.O.N. : "Je me doutais en venant à Paris que ça allait être compliqué, que j'arrivais dans un grand club, etc. Mais je ne pensais pas que ça allait être aussi compliqué que ça". L'échec aurait été de ne livrer qu'une longue plainte et de surjouer la posture de victime, mise au banc par son méchant entraîneur buté. Mais l'ancien joueur de Clairefontaine prend le soin de mettre en avant le plaisir de jouer, ce qui annihile l'effet "millionnaire en short pourri gâté" : "Je me régale parce que j'ai la chance de jouer avec de très bons joueurs, style Verratti... C'est toujours un plaisir de s'entraîner avec des joueurs comme ça. J'arrive à garder du plaisir grâce à ça." D'ailleurs, ce discours volontairement optimiste est plus amplement dévoilé dans la seconde vidéo : "Je me sens affûté. Je me sens bien dans mon corps. Mon plaisir quand je touche le ballon, c’est de faire des petits une-deux, des petits dribbles, de jouer comme quand j’étais petit". C'est beau comme du Raimbaud.
Parce qu'il anticipe son repositionnement
"Le football, c’est très bien, mais j’essaie aussi de m’ouvrir à d’autres choses. J’ai 30 ans, j’ai la chance d’être de la région parisienne donc j’ai tous mes amis ici, ça aide". Le footballeur amorce d'ores et déjà sa vie en dehors des terrains, soit le repositionnement de sa marque "joueur". D'ailleurs, selon son "entourage", un documentaire serait en préparation. Et les images de sa participation au tournage de la websérie avec Nawell Madani en sont la preuve. Jouer sur un terrain, jouer sur un plateau. Finalement, l'enfance n'est jamais bien loin. Bon, ok, j'avoue que le déguisement, les parties de Monopoly et le choix du hashtag m'ont fait hurler de rire. Ça n'est pas la première fois qu'il évoque sa passion pour le jeu de société. A ce stade, c'est de la multi-récidive. Mais après tout, le but escompté a été atteint : tout le monde parle de lui... Il raisonne aujourd'hui comme n'importe quelle personnalité publique qui construit son image comme un héro de feuilleton télévisée, à force de vidéos et de tweets. Et puis, rappelons tout de même que Ben Arfa part de loin en matière de communication... Hum. Très, très, très loin... Quand je vous dis qu'il progresse !
Alors, certes, n'est pas David Beckham qui veut. Mais qui sait ? La vérité est peut-être ailleurs...
Ça m'en a tout l'air, en plus avec le HT #laforcedudestin pic.twitter.com/ykV5W1lIq9
— Ali KHARCHAFI (@AliKharchafi) 27 mars 2017
Anne-Claire Ruel
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