Gérer sa ville en temps de guerre: l'exemple réussi de Darkoush

Photo Souriatna

L'article qui suit a été publié le 23 août 2015 par l'hebdomadaire Souriatna qui consacre une rubrique à la performance des Conseils locaux créés après le soulèvement en mars 2011 et qui gèrent la fourniture de services publics dans les zones dites "libérées", c'est-à-dire celles sous le contrôle des rebelles, et notamment dans le Nord du pays.

Dans les zones dites "libérées" en Syrie, on ne vit pas toujours partout dans les mêmes conditions. Cela peut être lié à la proximité de certaines d'entre elles avec d'autres villes plus ou moins stables. Alors que certaines régions telles que la Ghouta (campagne de Damas) sont asphyxiées par un état de siège permanent, d'autres, dans les zones libérées autour d'Idleb, près de la frontière turque, semblent offrir de meilleures conditions de vie.

Dans la ville de Darkoush, située près d'Idleb, le Conseil local a entrepris un partenariat réussi avec les organisations de la société civile en fournissant aux habitants des services "d'assez bonne qualité", selon le militant Abbas Alaa-Eddin, "bien qu'ils ne répondent pas encore aux besoins de toute la population".

"Il va de soi que les temps sont durs. Si tous les produits sont disponibles, le problème réside surtout dans les prix qui ont flambé. Mais si la situation est un peu plus vivable aujourd'hui, c'est grâce à des organisations de la société civile qui distribuent des denrées alimentaires, prennent en charge les orphelins et créent de petits emplois pour la population active à travers des projets de développement", précise Abbas.

"Le Conseil local révolutionnaire de la ville fait tout ce qui est en son pouvoir, malgré ses ressources limitées. Les services de propreté, de nettoyage et d'entretien des rues ne se sont jamais interrompus; l'eau parvient à la vaste majorité des habitants, et on tente aujourd'hui d'élargir le réseau de distribution. Avec l'aide de la société civile, le Conseil a également pu fournir du blé et d'autres matières premières aux boulangeries, afin de garantir une offre raisonnable de pain à tous les consommateurs. Ainsi, un sac de pain coûte 75 lires syriennes à Darkoush [0.3 euros], alors que son prix dépasse les 100 L.S. [0.42 euros] dans la zone libérée autour d'Alep"

Des projets de développement

Concernant les projets de développement mis en oeuvre actuellement dans la ville, ils se limitent pour le moment, selon Abbas à "la distribution de semences agricoles, ainsi que d'outils et d'équipements à un grand nombre d'agriculteurs. Il s'agit là d'une première phase qui permet de mettre en place un plan pour le développement d'une agriculture moderne à Darkoush. Nous étudions également les possibilités qui s'offrent à nous pour améliorer les méthodes d'irrigation et mettre à profit l'énergie solaire. Dans ce cadre, certains projets ont effectivement été mis en oeuvre, et notamment à Bidama et dans sa région [ville située sur la route reliant Alep à Lattaquié]".

D'autres militants ont expliqué à Souriatna que le plus grand projet en oeuvre actuellement est celui de l'eau. Ainsi, la quasi totalité de la campagne environnante dispose d'un système d'irrigation. Les organisations de la société civile ont fourni aux agriculteurs des pompes à eau, elles subventionnent les prix du diesel, gèrent les salaires des ouvriers agricoles et assurent la maintenance du réseau de distribution de l'eau partout où le projet est mis en oeuvre.

C'est le secteur de la santé, en revanche, qui pose un certains nombre de défis, dans le cadre du conflit. Toutefois, les militants précisent qu'il existe un hôpital qui prend en charge la région dans son ensemble, avec des blocs opératoires permettant non seulement de réaliser des actes chirurgicaux, mais aussi une hospitalisation complète et notamment en gynécologie obstétrique et en chirurgie orthopédique. L'hôpital dispense également des services de santé au profit des villages voisins. Malheureusement, la pression est telle que l'on manque parfois de médicaments.


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Souriatna est l'un des premiers hebdomadaires électroniques en Syrie. Créé en septembre 2011, ce projet collectif et totalement bénévole est né de l'urgence de créer des médias syriens alternatifs et indépendants afin de refléter le changement tant attendu depuis le début du soulèvement en mars de la même année. Souriatna est aujourd'hui dirigé et publié par un groupe de jeunes de Damas.