Ils sont six personnes dans la salle communale de La Capelle et Masmolène. Exactement le même chiffre que la semaine précédente pour écouter les deux candidats du PS, Denis Bouad, vice-président du Conseil général du Gard, conseiller général PS du canton d'Uzès, et Bérengère Noguier. Ce vendredi 6 mars, c'est la première réunion de Dominique Cariou et Philippe Richet. Le maire du village souhaite la bienvenue aux deux candidats FN et à leurs deux suppléants.... ainsi qu'une « bonne campagne ». Pour lui, c'est une « première ». Le Front national ne s'était jamais invité dans ce village de 440 habitants, plutôt « tendance UMP ». Depuis les Européennes, les choses ont changé. En mai 2014, la liste FN s'est hissée en première place avec plus de 32% des voix. La liste UMP la suivait avec environ 19% des voix.
Dominique Cariou et Philippe Richet lisent leurs papiers avec application. La première est une novice en politique. Philippe Richet, lui, est entré au FN en 2011. Nommé responsable du canton d'Uzès un an après, il est désigné tête de liste FN pour les dernières municipales. Comme la plupart des nouveaux entrants, son ascension au sein du parti de Marine Le Pen est rapide.
Tous deux représentent, comme ils disent, le « FN, le RBM et Marine Le Pen ». Ils feront « tout pour faire honneur à la présidente du FN ». Ils veulent « faire bouger les choses car y'a pas que Paris qui compte ». Et ils sont conscients d'un aspect essentiel dans la stratégie du Front national, qu'ils ne cessent de mettre en avant : sa dédiabolisation.
D'ailleurs, les deux candidats s'en rendraient compte au quotidien, lorsqu'ils tractent sur les villages alentours. « Il y en a encore qui n'osent pas prendre les tracts », précise tout de même Philippe Richet. « On pensait que tout le monde était d'accord avec la dédiabolisation. Mais aujourd'hui, de plus en plus de gens ont peur du regard des autres. Ils prennent les tracts si personne ne les regarde ». Cette nuance faite, le représentant FN du canton d'Uzès précise qu'ils sont « beaucoup mieux accueillis » qu'aux cantonales de 2011.
Après deux interventions de quelques minutes, tous se retrouvent autour d'un verre et discutent. Un homme parle d'une époque révolue, celle d'« avant, où tout le monde était solidaire dans les villages ». Un autre précise que, lorsqu'il faisait venir Jean-Marie Le Pen, « c'était bien plus difficile ». Son voisin rajoute : « Avec Marine Le Pen, on espère pouvoir aller jusqu'en haut ».
C'est un des derniers propos de cette soirée... qui sonne, dans cette petite salle communale du Gard, comme une conclusion.