Le PSG-Bastia de ce 19 octobre 2013 restera comme le 1000e match disputé par le club d’Ibrahimovic au cœur du Parc des Princes. 4ème stade de l’Hexagone en termes de capacité, le Parc occupe une place à part, probablement due à sa longue histoire.
De l’Ancien Régime au XXe arrondissement
On a du mal à le croire aujourd’hui, mais le site du Parc des Princes ne fut longtemps qu’une forêt, à l’extrémité sud du Bois de Boulogne. On y arrivait depuis le centre de Paris par une voie dite route de Monseigneur – le Monseigneur en question n’étant autre que le fils de Louis XIV, le Grand Dauphin, qui venait chasser ou se promener dans le secteur, avec la noblesse du temps.
Pendant la construction de Versailles, la route en question fut prolongée en direction du nouveau centre du pouvoir, gagnant au passage le nom relativement logique de route des Princes. Avec le temps, le bois fut entouré d’une enceinte fermée : le parc des Princes était né. Avec le Second Empire et les réformes d’Haussmann, le Parc, situé en partie sur le territoire de la ville de Boulogne, fut définitivement intégré au tout nouveau XVIe arrondissement.
On y faisait du vélo
Beaucoup de vélo. Et pour cause : le premier stade construit sur le site, en 1897, fut un vélodrome prévu pour quelque 3 200 spectateurs assis. Autour d’une pelouse centrale s’allongeait une piste qui avait d’ailleurs quelque chose de relativement inquiétant pour les amateurs de fin du monde : elle faisait très exactement 666,66 mètres de long.
Ce nombre démoniaque n’empêcha pas le propriétaire du site, Henri Desgranges, de faire le point d’orgue d’une petite course cycliste sans prétention qu’il créa en 1903 : le Tour de France. Jusqu’en 1967, la plupart des dernières étapes du Tour se terminèrent là, sur une piste d’un très joli rose panthère, implantée précisément à l’endroit où le périphérique passe sous le stade actuel. Pour la petite histoire, c’est Poulidor qui remporta la der’ des der’ en 67, à l’occasion d’un contre-la-montre.
Succès de la petite reine oblige, le vélodrome est régulièrement agrandi et comptera 10 000 puis 20 000 places, sans jamais détrôner pourtant le stade de Colombes, finalement retenu pour accueillir une partie des épreuves de JO de 1924 avec ses 60 000 places…
On y a aussi fait du rugby. Et de la boxe. Et du patin à glace. Et de la musique.
Si c’est bien le vélo qui a rendu le Parc populaire, on a pratiqué beaucoup de trucs au Parc : du rugby, dès le début du siècle, mais aussi de la moto et de la boxe : c’est au Parc des Princes – entièrement rénové en 1932 et agrandi pour accueillir 40 000 spectateurs – que Marcel Thil devient champion du monde de boxe en étendant pour le compte le champion américain, Gorilla Jones. Parfaitement, Gorilla, un très joli prénom. Le Parc accueillit aussi du football américain et se transforma même en patinoire artistique, pendant l’hiver 33. Et puis il y eut les concerts, de Michael Jackson à Metallica, en passant par les Rolling Stones. Ou Lorie.
Et le foot, dans tout ça ?
On a joué au foot au Parc dès sa création et les débuts n’y ont pas toujours été faciles, à commencer par la première rencontre internationale organisée en 1903. Une sélection de joueurs parisiens accueillirent une équipe anglaise qui se fit une joie de leur mettre une danse : 11 buts à rien dans la musette tout de même, devant 984 spectateurs qui durent être ravis d’avoir payé leur place.
C’est aussi là que l’équipe de France disputa son second match officiel – et le premier sur le sol français - le 12 février 1905, match qui se solda par une écrasante victoire 1- 0 contre la Suisse. Avant d’en prendre 15 contre les Anglais l’année suivante. Oui, à zéro.
1972 : le nouveau Parc sort de terre
Obsolète, défiguré par la construction du périphérique parisien, le vieux Parc est repensé de fond en comble au début des années 70 : le projet conçu par Roger Taillibert est inauguré par Pompidou en 1972. Bijou technique, le stade est pourtant jugé trop petit par certains, avec ses 50 000 places (48 000 aujourd’hui, en configuration Ligue 1). Tant mieux, ricanent les autres : il n’y a pas de parking.
Avec son enceinte ovale, ses 77 000 m3 de béton et ses tribunes raides, le nouveau Parc prend cela dit sa revanche sur Colombe. Aucun spectateur n’est éloigné de plus de 45 mètres du terrain et les 172 projecteurs sont intégrés au toit qui protège les gradins : une révolution technique à l’époque, aussi impressionnante que l’exploit d'ingénierie qui a permis de le construire littéralement au-dessus du tout nouveau périphérique.
L’année suivante, le PSG y dispute le premier match de son histoire face au Red Star, en 2e Division.
1984 : premier titre international pour l’Équipe de France
Au-delà des matchs du club parisien, ce sont aussi les rencontres disputées par les Bleus qui font le succès et la légende du Parc, au moins avant le 12 juillet 98 et un certain 3-0 disputé à quelques encablures de là. Après tout, 14 ans avant la victoire en Coupe du Monde, c’est bien au Parc que Platini offrit à lui tout seul ou presque le premier titre international de leur histoire aux Bleus, bien aidé par le gardien espagnol, Arconada.
Ce sera moins plaisant un soir de novembre 1993, lorsqu’une frappe de mule sous la barre, déclenchée par le Bulgare Kostadinov, priva la France de la Coupe du Monde 94, à la dernière minute d’un match perdu 2-1.