Ayant terminé le montage de mon film (reste l’étalonnage et la postproduction qui seront réalisés à Paris au cours des prochaines semaines), et de retour à Jérusalem, après un séjour exceptionnel d’une semaine au Québec, je reprends le chemin de mon blog.
Samedi soir, deux éléments dans le journal de la chaîne 10.. Les manifestations des Arabes israéliens contre la loi Prawer-Begin qui prévoit la relocalisation des Bédouins du Néguev (http://www.haaretz.com/news/features/a-primer-on-the-proposed-bedouin-resettlement-in-the-negev.premium-1.519738) Des affrontements violents ont eu lieu près de Houra, la localité bédouine, à Haïfa, Jaffa et à Jérusalem. Le bilan : 28 arrestations et plusieurs dizaines de blessés dont une quinzaine de policiers. Le texte a été adopté en première lecture par la Knesset. Selon l’opposition il s’agit de déplacer 40000 Bédouins qui perdraient une partie de leurs droits à la terre. Cette agitation vient s’ajouter à la tension croissante qui règne en Cisjordanie où les accrochages et les incidents sanglants sont de plus en plus fréquents.
Obama-Netanyahu: retour à la case départ
Autre tension, politique celle là.. Rien ne va plus entre Barack Obama et Benjamin Netanyahu. Le correspondant à Washington de la chaîne a révélé que le président des États Unis a fait passer un message au Premier ministre israélien par l’intermédiaire d’un ami commun, une importante personnalité juive américaine. : « Baissez le ton de vos attaques contre l’accord de Genève sur le nucléaire iranien ! Cessez d’inciter des membres du Congrès contre le Président ! Vous n’apprécieriez certainement pas si la Maison blanche intervenait auprès de membres de la Knesset pour leur demander d’agir contre leur Premier ministre ».. En d’autres termes, les relations entre les deux hommes sont revenues à ce qu’elles étaient avant la visite effectuée par le président des États Unis en Israël en mars dernier pour se réconcilier avec le chef du gouvernement israélien. C’est donc à nouveau la confrontation.
Barack Obama ne devrait pas être surpris, et cela pour deux raisons. D’abord, parce que Benjamin Netanyahu, lors de difficulté avec l’administration américaine a toujours fait intervenir ses amis à Washington. Premier ministre de 1996 à 1999, pour affronter le Président Bill Clinton, il a utilisé les bons services de la droite républicaine. Il s’agissait de Newt Gingrich, le président de la Chambre des représentants, et du prêcheur d’extrême droite Jerry Falwell. Il avait le soutien de ses amis néoconservateurs, parmi lesquels Richard Perle, Douglas Feith, Elliott Abramas. Ces derniers lui avaient fait parvenir, après son élection, un texte intitulé : « Une nouvelle stratégie pour conserver le royaume », lui conseillant d’abandonner le principe d’échanger les territoires pour la paix.. Revenu au pouvoir en 2009, Netanyahu a régulièrement contré les initiatives d’Obama dans le dossier palestinien, grâce aux Républicains et aux organisations pro israéliennes, surtout AIPAC, le lobby formé de personnalités juives.
L’autre raison tient de l’enseignement de son père, Benzion Netanyahu. Ce dernier, historien de renom a développé une théorie selon laquelle l’antisémitisme a vu le jour des siècles avant la naissance du christianisme. Régulièrement, au fil de l’histoire, le peuple juif a du affronter des persécutions précédées de campagne de déshumanisation soigneusement préparées. De même, pensait-il, toute paix avec les Arabes est impossible en raison de leur nature intrinsèque, et le danger existentiel auquel Israël fait face c’est l’Iran.
Des décennies de rejet d’Israël et de menaces proférées par les Ayatollahs, depuis l’arrivée au pouvoir de Khomeini en 1979, ont confirmé Benjamin Netanyahu dans sa certitude et sa vision qu’il est impossible de faire confiance à un président iranien quel qu’il soit. Pour lui, Hassan Rohani est un menteur et les puissances occidentales ont commis une erreur historique en concluant l’accord de Genève. Hier soir, premier décembre, en voyage officiel à Rome, allumant une bougie de Hanouca dans la grande synagogue, il a déclaré : « Nous ne permettrons pas que l'Iran ait une force atomique qu'il puisse utiliser contre nous et face à la menace, nous agirons en temps voulu, si c’est nécessaire. Je ne garderai pas le silence si Israël est en danger. Comme tout le monde le sait, en tant que Premier ministre israélien je mets en garde tous les jours contre les dangers du programme nucléaire iranien. »
Selon certaines sources , Israël a, ces dernières années, dépensé plus de deux milliards d’euros pour préparer une opération contre le nucléaire iranien.