Netanyahu à Washington

« Les gouvernements israéliens n’ont pas de politique étrangère, uniquement une politique intérieure ». Cette remarque d’Henry Kissinger lors d’une ses navettes entre Jérusalem, le Caire et Damas dans les années 70, est toujours d’actualité et peut s’appliquer à l’Amérique : « En ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, les Etats-Unis n’ont pas de politique étrangère, seulement une politique intérieure ! ». Le 14 mai 1991, à Jérusalem, en négociant ce qui allait être la conférence de Madrid James Baker, le chef de la diplomatie américaine en 1991 expliquait à la délégation palestinienne : « Le Congrès à Washington ne votera jamais la réduction d’une aide financière à Israël.. La raison pour laquelle les membres du congrès sont élus.. C’est parce qu’ils votent pour Israël ». A Washington, Benjamin Netanyahu jouait donc sur du velours. Les Républicains, plus proches que jamais du Likoud, l’avaient invité à prononcer son discours devant le Congrès et les quelques démocrates qui auraient pu avoir des doutes, devaient, en période électorale, montrer leur soutien à Israël. Selon Aaron Miller, ancien du Département d’état, il aurait eu les mêmes applaudissements s’il avait lu l’annuaire de téléphone.

Sur le fond, le Premier ministre israélien n’a rien cédé : « Israël sera généreux quant à la taille de l'Etat palestinien mais, a-t-il dit, sera très fermes quand il s'agira du tracé de la frontière. C'est un principe important. ». Il a répété ses non : Pas de retour sur la ligne de démarcation de 1967 qualifiée d’indéfendable. Pas de concession à Jérusalem, la capitale indivisible d’Israël. Mahmoud Abbas doit renoncer à l’accord de réconciliation avec le Hamas.

Le Premier ministre israélien rentre en vainqueur. Il a prouvé au public israélien qu’il avait l’Amérique dans sa poche et renforcé son alliance avec la droite américaine. Sur la scène intérieure, la cohésion de sa coalition gouvernementale sort resserrée de son séjour à Washington. 78% des membres du Likoud  sont opposés à la création d‘un état palestinien.

Où cela mène-t-il ? Pas très loin, en ce qui concerne d’éventuelles négociations de paix. L’entourage de Mahmoud Abbas considère le discours de Netanyahu comme une véritable déclaration de guerre. L’OLP ne renonce pas à son projet de demander aux Nations Unies la reconnaissance de la Palestine en septembre prochain. Thomas Friedman, l’éditorialiste du New York Times propose aux Palestiniens le modèle de la place Tahrir au Caire. Se diriger tous les vendredis par milliers vers Jérusalem, avec d’une main une branche d’olivier et de l’autre une pancarte disant : « Deux états pour deux peuples. Nous, le peuple palestinien, offrons au peuple juif une solution à deux états fondée sur les lignes de 1967 –avec des échanges de territoires négociés – y compris Jérusalem où les Arabes contrôleront leurs  quartiers et les Juifs les leurs. » Rendez-vous vendredi.

Publié par cenderlin / Catégories : Analyses