Reconsidérer le rapport Goldstone

L’Israël officiel pavoise. Le grand quotidien Yediot Aharonot consacre sa une à un cliché du juge Richard Goldstone avec le titre « Je me suis trompé ». Que c’est-il donc passé ? Et bien, l’auteur du rapport du même nom a publié vendredi dernier un article dans le Washington Post dans lequel il revient sur ses conclusions au sujet de l’opération « Plomb durci », l’offensive israélienne contre le Hamas fin 2008, début 2009.

Extraits : « Le rapport définitif de la commission d’experts indépendants de l’ONU – présidée par l’ex juge de New York, Mary McGowan Davis- qui a suivi les recommandations du rapport Goldstone a trouvé qu’Israël avait consacré des moyens significatifs pour enquêter sur plus de 400 accusations de « fautes  opérationnelles » à Gaza alors que les autorités de fait (le Hamas) n’ont procédé à aucune enquête sur les tirs de roquettes et de mortier contre Israël. » Notre rapport a découvert des preuves de crime de guerre potentiel et de possibles crimes contre l’humanité par Israël et le Hamas. Que ces crimes commis par le Hamas étaient intentionnels va s’en dire- ses roquettes ont été tirée intentionnellement et d’une manière indiscriminée sur des cibles civiles.

Les allégations d’intentionnalité de la part d’Israël ont été basées sur des morts et des blessures  de civils dans des situations sur lesquelles notre commission d’enquête n’avait aucun élément à partir desquels il était possible de tirer d’autres conclusions raisonnables. Alors que les enquêtes rendues publiques par l’armée israélienne - et reconnues par le rapport de la commission de l’ONU- ont établi la validité de certains faits sur lesquels nous avions enquêté, concernant individuellement des soldats, indiquent qu’il n’y a pas eu de politique intentionnelle  de cibler des  civils. »

Goldstone, affirme donc, en tête de son article : « Si j’avais su à l’époque ce que je sais maintenant, le rapport Goldstone aurait été différent » En d’autres termes si Israël avait collaboré avec les enquêteurs de ce juge sud-africain il n’aurait pas évoqué le soupçon de « crimes de guerre ». Cela dit, dans son article Richard Goldstone n’écrit pas qu’il s’est trompé ou qu’il regrettait son rapport comme l’affirme la presse israélienne. A-t-il finit par céder aux pressions?... En partie, du moins, Yediot Aharonot le laisse entendre. Depuis la publication de son rapport, Goldstone était ostracisé par une partie de la communauté juive. Dans sa synagogue, en Afrique du Sud, on ne voulait pas l'appeler à la Torah lors de la Bar Mitzva de son petit fils . Ce qui, visiblement l'a poussé à publier sa mise au point, c'est le rapport définitif de l'ONU,  qui a suivi ses recommandations... Rédigé sous la houlette de la juge Mary McGowan Davis, cette commission d'experts a disposé des enquêtes israélienne qui lui avait été refusées. Malgré tout cela, tout en n'étant pas "intentionnelles" les bavures relevées durant l'opération Plomb durci sont inacceptables.