En écrivant cette analyse.. Je ne savais pas qu'Ehoud Barak allait se dévoiler ainsi. Il abandonne le parti travailliste qu'il préside pour former avec quatre autres députés un groupe parlementaire indépendant, appelé "Indépendance". En fait, il savait que les instances travaillistes allaient probablement décider la rupture avec la coalition gouvernementale pour faire pression sur Benjamin Netanyahu et l'obliger à faire avancer le processus de paix. Deux choses dont Barak ne voulait pas.. Surtout, il risquait de perdre sont portefeuille de ministre de la Défense. Secrètement donc, il a négocié avec Bibi Netanyahu, son ami et ancien subordonné lorsqu'il commandait le commando d'état major, la "Sayeret Matkal". ce n'est pas la première fois que les deux hommes combinent ainsi sur la scène politique israélienne. Déjà, Barak avait poussé Ehoud Olmert à la démission, puis, torpillé - pour le compte du likoud et avec l'aide de Shass, le parti séfarade orthodoxe - les efforts de Tzipy Livni pour former une coalition... Et maintenant.. Que vont faire les huit députés restants du parti travailliste?.. Mon pari: quatre d'entre eux vont faire également sécession et former une alliance avec le parti de gauche Meretz.. Les choses sont désormais claires si les américains ne l'ont pas compris: avec 66 députés sur 120, la coalition de droite au pouvoir resserée et sort renforcée grâce à la maneuvre Barak-Bibi et le développement des colonies va se poursuivre..
PS : J'ai perdu mon pari! Les quatres "rebelles" ont décidé de rester pour l'heure au sein du parti travailliste
L'analyse que j'avais publiée il y a quelques jours:
Pendant que la presse internationale est occupée ailleurs, les données du conflit israélo-palestinien sont en train de changer du tout au tout. D’abord sur le terrain. Les zones autonomes de Cisjordanie sont en plein développement. Selon le dernier rapport de la Banque Mondiale : « Si l'Autorité palestinienne maintient sa performance actuelle en matière de renforcement des institutions et d'accès aux services publics, elle est en bonne voie pour établir un Etat dans un proche avenir ». Avec le calme, le nombre de barrages militaires israéliens a considérablement baissé. Il est possible, dans certains secteurs de se déplacer d’une ville palestinienne à une autre sans subir le moindre contrôle. Les miliciens armés ont disparu des rues de Naplouse, Ramallah ou Jenin pour être remplacés par une police qui fait régner l’ordre, dirige la circulation et inflige des contraventions pour stationnement illégal…
Surtout les masques sont tombés. L’administration américaine tente de faire porter l’échec de sa politique au Proche Orient à un bouc émissaire : Ehoud Barak ! De passage en Israël, deux responsables du Conseil national de sécurité à la Maison blanche ont critiqué le ministre israélien de la défense en des termes rapportés ainsi par le quotidien Haaretz : « Il nous a charmé avec ses analyses intelligentes. Le président Obama a écouté Barak comme un étudiant face à son professeur et lui a fait confiance. Mais il n’a tenu aucune de ses promesses au sujet du processus de paix et du gel de la construction [dans les colonies]. » Curieux ! Au cours de dîners en ville à Tel Aviv, et même à la Knesset à certains députés, Barak répète régulièrement : « Cessez de me casser les pieds avec cette histoire de négociations… Il n’y aura pas d’état palestinien ! Ils veulent reprendre Haïfa et Jaffa ! ». Des petites phrases qui, nécessairement, sont parvenues aux oreilles des diplomates de l’ambassade des Etats-Unis, également friands de soirées telaviviennes. Ont-ils oublié de le mentionner dans leurs télégrammes au Département d’état ? Ce n’est pas tout. Barak est loin d’être un inconnu à Washington. Dans des livres et des articles de presse, les anciens du « peace team » de Bill Clinton, Martin Indyk, Aaron Miller, Robert Malley, et même Dennis Ross, le plus pro-israélien d’entre eux, ont critiqué la technique de négociation de celui qui, à l’époque, était Premier ministre.
En fait, la responsabilité de l’impasse totale dans laquelle se trouve le processus de paix incombe entièrement aux voltes faces de Barack Obama. Pour mémoire : le 4 juin 2009 dans son discours du Caire, il a appelé à l’arrêt total de la colonisation israélienne. Trois mois plus tard il ne parlait plus que de la « freiner ». Il y eu ensuite toutes les promesses non tenues envers les Palestiniens à l’issue des dix mois de négociations indirectes. Pour Mahmoud Abbas et la direction de l’OLP, les Etats-Unis ne jouent pas le rôle de médiateur dans le processus de paix, mais sont à nouveau l’avocat du gouvernement israélien. A Ramallah, un dirigeant palestinien décrit ainsi l’entrée d’Obama sur la scène proche-orientale : « Il me fait penser au joueur qui arrive au casino à bord d’une luxueuse limousine, revêtu d’un costume Armani. On lui déroule le tapis rouge et, devant la roulette, on découvrira qu’il n’a pas un sou… »
Les masques sont donc tombés. Le président des Etats-Unis est impuissant face à la politique de développement des colonies israéliennes. Benjamin Netanyahu s’est même permis de répondre par une fin de non recevoir à l’appel au gel de la construction lancé par Obama le 30 septembre dernier depuis la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies. Et le Congrès - plus pro-israélien que jamais - ne poussera pas à des pressions sur le gouvernement de droite en Israël. Ileana Ros-Lehtinen, la nouvelle présidente de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants est opposée à toute aide américaine à l’Autorité palestinienne et même à l’UNRWA, l’agence onusienne d’aide aux réfugiés palestiniens..
Dans ces conditions, sachant qu’ils n’ont – pour l’heure au moins- rien à attendre de Washington les dirigeants de l’OLP poursuivent leur stratégie. Le groupe arabe va d’abord soumettre au Conseil de sécurité une proposition de résolution déclarant illégale la colonisation dans les territoires occupés. Un véto américain renforcerait l’image négative des Etats-Unis dans le Monde arabe. Ils passeront ensuite à l’étape suivante : obtenir la reconnaissance formelle de la Palestine par le plus grand nombre possibles de pays afin de soumettre une nouvelle résolution au Conseil de sécurité définissant cette fois les limites territoriales du futur état. Puis, en septembre faire voter l’indépendance par l’Assemblée générale de l’ONU. Si tout cela devait échouer, Mahmoud Abbas pourrait se tourner vers son ultime option. Le chaos. La dissolution de l’Autorité autonome. Israël devrait alors rétablir toutes les institutions de l’occupation. Nommer des gouverneurs militaires pour administrer les villes de Cisjordanie. Envoyer Tsahal y assurer le maintien de l’ordre à la place de la police palestinienne. Abbas a déjà nommé la délégation qui devrait aller à la Présidence du conseil à Jérusalem annoncer la nouvelle à Benjamin Netanyahu. Pour la communauté internationale et le Monde arabe, cela signifierait que la paix au Proche-Orient est impossible.