Depuis la mise en ligne de cette analyse... L'institut Reut de Tel Aviv a publié une mise en garde identique. Nous assistons probablement à l'échec de la solution à deux états du conflit israélo-palestinien avec tout ce que cela signifie pour Israel.
le site de Reut en Hébreu: http://www.reut-institute.org/
En dépit des déclarations optimistes d’Ehoud Olmert lors du sommet de l’UPM à Paris, les négociations israélo-palestiniennes n’avancent pas et la probabilité qu’un accord soit conclu avant la fin 2008 est proche de zéro. Après ce sera l’inconnu. Mahmoud Abbas mettra t’il à exécution sa menace de démissionner ? Quelle sera la politique du nouveau président américain ? Les élections an Israël auront-elles lieu à l’automne ou en hiver, paralysant le processus de paix ? Les sondages prédisent la victoire de Benjamin Netanyahu le chef du Likoud.
Les dirigeants arabes modérés éprouvent donc une inquiétude grandissante. Le 22 juin, dans une interview au Washington Post, Abdallah II de Jordanie décrivait ainsi l’état des lieux : « Le processus de paix a perdu toute crédibilité dans l’esprit des gens de la région… Je ne crois pas qu’il sera possible de créer un état palestinien en 2008 – 2009. Je suis très pessimiste. Le temps passe et la porte se ferme devant nous » Et de lancer une mise en garde : « en l’absence d’une solution à deux états (côte à côte, Israël et la Palestine) il y aura plus d’agitation et d’instabilité … L’extrémisme continuera de progresser. Nous avons atteint un carrefour et je ne sais pas dans quelle direction nous irons».
Un sentiment renforcé par l’impuissance de la diplomatie américaine, paralysée par la campagne électorale aux Etats-Unis. Condoleezza Rice prêche dans le vide lorsqu’elle demande aux Israéliens de cesser la construction dans les colonies, notamment à Jérusalem Est. Les cinq visites qu’elle a effectuées au Proche Orient depuis le début de l’année n’ont abouti à aucun résultat tangible. George Bush n’a jamais voulu réunir les protagonistes pour des négociations marathon. La situation est pourtant plus favorable qu’en juillet 2000 lors du sommet de Camp David. Les paramètres d’un accord ont été clairement définis par Bill Clinton en décembre 2000, également lors des pourparlers de Taba en janvier 2001. La Ligue arabe, en adoptant le plan de paix saoudien en mars 2002 a préparé le terrain à l’intégration d’Israël dans la région. Et puis, en concluant la paix, Mahmoud Abbas et Ehoud Olmert, deux leaders peu populaires dans leurs sociétés respectives, auraient ainsi l’occasion unique de marquer l’Histoire de la région. Tous les sondages indiquent qu’un tel traité, serait massivement approuvé par les Palestiniens, y compris à Gaza. Accompagné de garanties de sécurité adéquates et appuyé par la communauté internationale le texte recevrait certainement l’approbation des Israéliens.
En l’absence d’initiative américaine, la balle est dans le camp de l’autre grand parrain du processus entamé à Oslo : l’Europe qui en est le principal bailleur de fonds. Dans ces récentes déclarations à Jérusalem et à Bethlehem, Nicolas Sarkozy a fait comprendre qu’il réalisait parfaitement l’urgence de la situation. Une conférence de paix israélo- palestinienne, sous l’égide de la présidence européenne, avec la participation des Etats-Unis et des modérés de la ligue arabe est nécessaire pour ne pas perdre les derniers mois de la fenêtre d’opportunité qui s’est ouverte à Annapolis en novembre 2007. Sans cela, ce sera à nouveau l’impasse qui, au Proche-Orient a toujours été synonyme de crise.