Les autistes, nouveaux talents de la Silicon Valley

Dans la Silicon Valley, temple de la créativité et des nouvelles technologies, des entreprises recrutent de plus en plus d'autistes Asperger.

En Californie (États-Unis), dans la Silicon Valley, des entreprises recrutent de plus en plus d'autistes Asperger. Pourquoi ? "Tout simplement parce que les autistes Asperger sont plus efficaces au travail, dans certains domaines, notamment l'informatique, ou encore la création artistique", rapporte Jacques Cardoze, envoyé spécial à Washington (États-Unis). "Mais aussi parce qu'il faut bien le dire, c'est un vrai problème de santé publique : il y a urgence, on estime que cette population va représenter 2% de la population totale dans quelques années contre 1,7% cette année."

La Californie offre chaque année plus de contrats aux salariés autistes. Evan Rochte est l'un d'eux : à 35 ans, il vit en colocation et a été embauché par une société de Los Angeles. C'est en fait son premier emploi. "C'est très difficile de trouver un emploi, parce qu'on doit passer un entretien d'embauche. Je crois que le problème, c'est la première impression que vous projetez sur les autres. Et malheureusement, les autistes comme nous ont des gestes et des attitudes qui peuvent surprendre. On ne s'en rend même pas compte, mais celui qui est en face ne comprend pas".

7% d'autistes employés aux Etats-Unis

Evan se répète en permanence tout ce qu'il doit faire pour ne rien oublier, un peu comme s'il avait toujours un pense-bête dans la tête. "Je marche pour aller au boulot. Là je peux traverser la rue", se dit-il à haute voix. Dans la vie de tous les jours, il est parfaitement autonome ; c'est le fait d'être employé qui l'aide à s'accomplir et c'est ce qu'il souhaite à tous les autistes. Si Mindspark emploie majoritairement des autistes, c'est parce qu'Evan et ses collègues sont dotés d'une intelligence particulière. Leur force, c'est la résolution de bugs informatiques. Tous disposent de capacités mémorielles, de concentration et de calcul plus élevées que la moyenne : "Il y a quelque chose en moi qui fait que ça répond à un besoin, témoigne Will. Si dans un programme, je vois un défaut, je me dis 'ça, ça ne va pas, et là non plus et là non plus'. Du coup, je commence à corriger, et c'est drôle, mais je n'arrive plus à débrancher". Aujourd'hui, 7% des personnes autistes trouvent un emploi aux États-Unis ; c'est trop peu au regard d'une population qui ne cesse d'augmenter.

Reportage de Jacques Cardoze, Thomas Donzel, Clément Voyer, Andreane Williams, Clément Voyer

Les entreprises américaines face aux préjugés inconscients

L’arrestation violente de deux hommes noirs dans un café Starbucks de Philadelphie la semaine dernière suscite l’indignation et remet en lumière les problèmes de racisme aux États-Unis.

Dans une vidéo devenue virale aux États-Unis ce week-end sur Twitter, des officiers de police sont filmés en train de menotter deux hommes noirs dans un Starbucks de Philadelphie.

L’un des hommes avait demandé à utiliser les toilettes du café sans rien avoir acheté. L’employé a répondu que Starbucks refusait l’accès aux toilettes aux non-clients en leur demandant de partir. Devant leur refus, l’employé a décidé d’appeler la police. Les deux hommes ont finalement été menottés, arrêtés puis détenus pendant près de neuf heures avant d'être libérés.

"Beaucoup de racisme, beaucoup de merde, le café Starbucks est anti-noir", scandaient des manifestants rassemblés, le jour suivant, devant le café pour dénoncer l’incident.

Le biais implicite aux États-Unis

Pour le maire de Philadelphie, l’incident du Starbucks reflète les préjugés inconscients qui persistent dans sa ville et dans la société américaine : "Ce n'est pas seulement un problème Starbucks. C'est un problème sociétal. Les gens peuvent réagir différemment aux autres en fonction de la couleur de la peau, et c'est mal. Nous avons du travail à faire et nous devons le faire de manière productive."

"Quand les gens appellent avec une plainte, c'est influencé par leur préjugé racial - le stéréotype qui les amène à considérer une personne noire avec plus de suspicion", ajoute quant à lui Jack Glaser, professeur de politique publique à l'Université de Berkeley.

Aux Etats-Unis, l’expression la plus tragique de ces préjugés inconscients est sans doute les centaines de cas où des policiers blancs ont tirés sur des américains noirs non armés. En 2016, une étude de la Drexel University de Philadelphie a affirmé qu’aux États-Unis, les hommes noirs avaient presque trois fois plus de risques d’être tués par une intervention des forces de l’ordre que les hommes blancs.

Le mois dernier, à Sacramento, en Californie, Stephen Clark, afro-américain de 22 ans, a été tué de huit balles dans le dos dans le jardin de sa grand-mère par des policiers qui ont cru que le jeune homme avait une arme à la main alors qu’il s’agissait de son téléphone portable.

Les entreprises cherchent des solutions

Le PDG de Starbucks, Kevin Johnson, s'est excusé lors d'une réunion privée avec les deux hommes lundi, en plus d’annoncer une nouvelle formation pour les directeurs de magasins sur les préjugés inconscients. Comme Starbucks, de nombreuses entreprises tentent de lutter contre le phenomène.

En effet, depuis les manifestations de Ferguson, dans le Missouri, en 2014, après qu'un policier blanc a tiré sur Michael Brown, un afro-américain de 18 ans, les formations de lutte contre les préjugés inconscients n’ont cessé de se multiplier.

La société Pope Consulting, basée à Cincinnati, gère des programmes de formation aux préjugés implicites pour les entreprises. La formation mise sur des exercices de découverte de soi, des questionnaires et des mises en situation.

Même si les données ne sont pas claires sur l'efficacité de ces formations, Michelle Duguid, de la Cornell University considère que l’essentiel du programme était de s'assurer que les gens apprennent que "tout le monde est partial" en offrant des moyens concrets pour atténuer ces stéréotypes.

"Cet après-midi de formation est un geste qui aidera certaines personnes à comprendre le concept des biais implicites", a déclaré Georgina Dodge, de l'Université Bucknell en Pennsylvanie, à propos du plan de Starbucks "Mais beaucoup, beaucoup plus doit être fait."

Jules Béraud

Le président Donald Trump a tenu sa promesse en se retirant de l'accord de Paris.

Suite à la décision de Trump, les entreprises américaines maintiennent leur opposition

Le président Donald Trump a tenu sa promesse en se retirant de l'accord de Paris.

Le président Donald Trump a tenu sa promesse en se retirant de l'accord de Paris.

Apple, Facebook, Google, Microsoft ou encore Levi Strauss & Co, sont plus que jamais impliqués dans cette campagne pour le climat. Sauver la planète est devenue une priorité, au nez et à la barbe de Donald Trump.

A travers le New York Times, 25 multinationales américaines apostrophent le président des Etats-Unis. Intitulée “Cher Président Trump”, cette requête vise à maintenir le pays dans l’Accord de Paris sur le changement climatique. Loin d'être une coïncidence, cette publication, dont la longueur occupe une page complète du journal, intervient le jour de l'annonce du retrait éventuel.

Selon ces entreprises, l'accord garantirait  "un effort mondial plus équilibré, réduisant le risque de déséquilibres concurrentiels pour les entreprises américaines." Il permettrait par ailleurs de générer "des emplois et la croissance économique. Les entreprises américaines sont bien placées pour diriger ces marchés. Le retrait de l'accord limitera leur accès et pourrait nous exposer à des mesures de rétorsion." Enfin, elles affirment que "l'accord réduira les impacts climatiques futurs, y compris les dommages aux installations et aux activités commerciales, la baisse de la productivité agricole et l'approvisionnement en eau ainsi que la perturbation des chaînes d'approvisionnement mondiales."

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Article extrait du New York Times, en date du 1er juin 2017.

Cette prise de position de la part des sociétés n’est pas sans précédent. Le 8 novembre 2015, plus de 350 d’entre elles, pour la plupart américaines, avaient signé une lettre publique incitant le président Donald Trump à maintenir l’Accord de Paris. Ce document a été rédigé en marge de la conférence sur le climat de l’ONU (COP22), qui se tenait à Marrakech. L'objectif de cette réunion étant à terme de réduire la hausse du réchauffement climatique en deçà de la barre des 2 degrés d’ici 2100.

Une mobilisation mise à mal

En dépit d'une mobilisation nationale puis internationale, Donald Trump a annoncé publiquement ce jeudi 1er juin, qu’il retirait son pays de la lutte contre le réchauffement climatique. Les Etats-Unis comptaient parmi les 195 pays signataires de l'Accord, approuvé le 12 décembre 2015, mais mis en place le 4 novembre 2016.

Face à cette sortie, le pays se confronte à un dilemme : patienter trois ans à compter de son entrée en vigueur (le 4 novembre 2016), puis respecter un préavis d'un an, comme le prévoit l'article 28 du document. Cela implique donc que les Etats-Unis pourront en sortir en novembre 2020, c'est-à-dire au moment de la prochaine élection présidentielle. Toutefois, un pays peut aussi faire le choix de dénoncer non pas l'accord lui-même mais la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques dont est issu l'Accord de Paris. Dans ce cas, seul un an de préavis est nécessaire au lancement du processus.

Les Etats-Unis rejoignent désormais le banc des accusés : la Syrie et le Nicaragua, les deux seuls pays reconnus par l'ONU ayant refusés de signer l'Accord de Paris.

Yelen BONHOMME-ALLARD