Ce jeudi 3 janvier sonnait l'heure de la rentrée pour les parlementaires américains. Face à un Sénat majoritairement républicain, les démocrates ont pris possession de la Chambre des représentants. Pour les deux années à venir, ils y détiennent désormais 235 sièges, contre 199 pour les républicains. Ce renversement du pouvoir contre Donald Trump redonne de l'espoir au parti, après la défaite cinglante d'Hillary Clinton en 2016. Les Midterms de novembre dernier ont entre autre permis l'émergence d'une nouvelle génération de leaders. À six mois du premier débat des primaires, une seule question est sur toutes les lèvres : Qui sont les personnalités démocrates à suivre de près dans la course présidentielle vers 2020 ?
Elizabeth Warren : première membre du parti à officialiser sa candidature
C'était le 31 décembre dernier : la première membre du parti démocrate annonçait son entrée dans la course à la présidentielle, dans un clip de campagne dévoilé sur Twitter. Elizabeth Ann Warren est l'actuelle sénatrice du Massachusetts, poste qu'elle occupe depuis 2013, devenant alors la première femme sénatrice de cet État de la côte Est. À L'issue des Midterms de novembre dernier, face au républicain Geoff Diehl, elle était réélue haut la main.
Elizabeth Warren, sénatrice du Massachusetts, a franchi ce lundi une première étape vers la présidentielle, en dévoilant son premier clip de campagne : « Notre gouvernement est censé travailler pour chacun, mais au lieu de ça il est devenu un outils pour les plus riches » https://t.co/z3ztXbUkOO
— France TV Washington (@F2Washington) December 31, 2018
Pourtant, Donald Trump a longtemps accusé Elizabeth Warren d'avoir menti sur ses origines pour faire avancer sa carrière en se présentant comme issue d'une minorité. Alors, en octobre dernier, elle publiait un test ADN "prouvant" ses origines amérindiennes, après avoir été l'objet des moqueries du président, qui la surnommait alors « Pocahontas ». Selon l'analyse ADN effectuée par un professeur de l'université de Stanford, bien que "la grande majorité" des ancêtres de la sénatrice soit issue d'Europe, les résultats font état de « fortes preuves de l'existence d'ancêtres amérindiens", "remontant à une période comprise entre six et dix générations ».
Elizabeth Warren a toutes les cartes en main pour devenir une star du parti. Ancienne conseillère spéciale au sein du Bureau de la protection financière des consommateurs, présidée par Barack Obama, elle semble être actuellement la seule candidate assez populaire pour succéder à Hillary Clinton. Elle rappelle régulièrement qu'il serait temps que l'Amérique se montre prête à élire une femme dans le bureau ovale. Après la confirmation de Brett Kavanaugh au poste de juge à la Cour Suprême, Warren déclarait : « J'ai vu des hommes puissants aider un homme puissant à occuper une position encore plus puissante ». Pourtant, comme Joe Biden et Bernie Sanders, son âge pourrait être un obstacle de taille pour les démocrates, qui appellent à un changement de génération : elle fêtera ses 70 ans le 22 juin prochain.
Beto O'Rourke : leader d'une nouvelle génération ?
Il a été la révélation des élections de mi-mandat. Beto O'Rourke, 46 ans, a incarné tous les espoirs d'une nouvelle génération de démocrates. Dans son État du Texas, bastion historiquement républicain, il est sorti vaincu face à Ted cruz, le sénateur sortant. Pourtant, il se murmure que « le nouveau Obama », comme surnommé pendant toute la campagne, soit toujours dans la course vers Washington.
En fervent progressiste, Beto O'Rourke a entre autre défendu la légalisation de la marijuana au Texas, et caractérisé l'accès aux soins de santé comme étant « un droit humain fondamental, et non un privilège ». En tant que membre du Congrès, il a vivement critiqué l'approche de Donald Trump en matière d'immigration, en particulier suite à la politique de tolérance zéro, ayant abouti à la séparation de milliers de familles migrantes à la frontière américano-mexicaine.
Hier, Martin O'Malley, ancien gouverneur du Maryland et candidat à la primaire démocrate de 2016, annonçait publiquement son soutient au Texan pour 2020 : « Parce qu'il vient du Texas, Beto O'Rourke comprend que le symbole de notre pays n'est pas un mur de barbelés, mais la Statue de la Liberté ».
I will not be running for President in 2020, but I hope Beto O’Rourke does. It’s time for a new generation of leadership. https://t.co/6vDbAUvzDt
— Martin O'Malley (@MartinOMalley) January 3, 2019
Joe Biden : un ancien vice-président en tête des sondages
Joe Biden serait sur le point d'annoncer sa candidature à la présidence, et une chose est sûre : si l'information est confirmée, l'ancien vice-président sera le candidat en lice plus solide pour 2020. Colistier de Barack Obama en 2008, il est élu vice-président des États-Unis le 4 novembre 2008, avant d'honorer un second mandat à ce poste après la réélection d'Obama le 6 novembre 2012.
Dianne Feinstein, sénatrice de Californie depuis 1992, déclarait la semaine dernière à deux journalistes que l'ancien sénateur du Delaware était le choix idéal contre le président Trump : « Je l'ai regardé travailler en tant que vice-président, je l'ai vu opérer. ll apporte un niveau d'expertise qui, à mon avis, est vraiment important ». Et à en croire de récents sondages, le démocrate est plutôt bien parti.
Mais Joe Biden parviendra-t-il à reconquérir les populations blanches ouvrières du Midwest, alors que le parti a majoritairement tendance à convaincre les banlieues aisées ? Plus largement, le débat autour de la candidature possible de Biden illustre les visions contradictoires du parti, en particulier les divisions régnant entre ses ailes pragmatiques et libérales. Certains se montrent sceptiques quant au fait qu'un candidat relativement modéré pourrait l'emporter en portant avec un message d'unité.
Quoi qu'il en soit, il semblerait que les grands donateurs du parti exercent une forte pression sur Joe Biden, afin qu'il se décide au plus tard fin janvier. En 2015, il avait trainé à annoncé sa candidature, avant de ne finalement pas se lancer dans la course à l'investiture.
Kamala Harris : nouvelle venue sur la scène nationale
Kamala Harris est sénatrice de Californie et ancienne procureure générale, poste qu'elle a occupé de 2011 à 2017. En tant que femme noire - elle est la fille d’un père jamaïcain et d’une mère indienne - et fervente défenseuse des droits civiques, elle s'oppose fermement à la politique anti-immigration de Donald Trump : « Nous sommes une nation d'immigrés. À moins d'être amérindien ou que votre peuple ait été kidnappé et placé sur un navire négrier, votre peuple est immigré » déclarait-elle en 2016.
Critique assidue du système de justice pénale, elle est particulièrement bien équipée pour faire face au président en cas de non-respect de la Constitution. Mais justement, au sein d'un parti de plus en plus critique à l'égard du système judiciaire, ses antécédents de procureure générale pourraient lui faire obstacle. De plus, le parti ne lui a jamais pardonné son refus d’enquêter sur OneWest, l’ancienne société de Steve Mnuchin, actuel Secrétaire du Trésor et proche de Donald Trump, pour des opérations potentiellement illégales.
Bernie Sanders : grand retour du démocrate techniquement indépendant
À 77 ans, le sénateur du Vermont a sans doute eu l'impact le plus marqué sur le parti démocrate ces trois dernières années. Si Bernie Sanders est politiquement indépendant, il est administrativement rattaché aux démocrates du Sénat. Premier sénateur américain à se présenter comme démocrate socialiste, sa défaite aux primaires face à Hillary Clinton en 2016 a été un coup dur pour la gauche américaine opposée à l'establishment. En août 2016, il lance Our Revolution, une organisation politique dédiée à sensibiliser les électeurs à différents enjeux, à impliquer la population dans le processus politique et faire élire des candidats progressistes.
Mais hier, de vieilles histoires survenues lors de la campagne de 2016 ont ressurgies : plusieurs femmes auraient été victimes de harcèlement sexuel, et se seraient plaintes d'iniquité salariale. L'équipe de direction aurait fermé les yeux face aux différentes allégations. Bernie Sanders a lui affirmé qu'il n'était au courant de rien en 2016, et s'est publiquement excusé auprès des victimes. Affaire à suivre.
Annonceront-ils aussi leur candidature ?
Hillary Clinton : Après une douloureuse défaite face à Donald Trump en novembre 2016, Hillary Clinton s’apprêterait-elle à retenter sa chance en 2020 ? C'est ce que relatent en tout cas de nombreux médias américains, qui affirment la volonté d'Hillary Clinton à se relancer dans une course à la Maison-Blanche.
Michael Bloomberg : Michael Bloomberg, 76 ans, est un homme d'affaires et homme politique américain. Il est maire (républicain puis indépendant) de la ville de New York du 1er janvier 2002 au 31 décembre 2013, date à laquelle il est remplacé par Bill de Blasio. Selon le magazine Forbes sa fortune serait estimée en 2018 à 50 milliards de dollars américains ce qui en fait le onzième individu le plus riche du monde, après avoir occupé la première place de ce classement pendant plusieurs années.