Crédit photo : Gonzalo Fuentes/Reuters

Dans l'Illinois, près de 700 prêtres sont accusés d'agressions pédophiles ces dernières décennies

L'Eglise catholique américaine se retrouve une nouvelle fois au coeur d'un scandale d'agressions sexuelles : dans l'Illinois, État industriel du Nord des États-Unis, près de 700 prêtres sont accusés d'actes pédophiles commis ces dernières décennies. 

La procureure générale de l'Illinois, Lisa Madigan, a publié mercredi les conclusions préliminaires d'une énième enquête visant l’Eglise catholique : près de 700 prêtres originaires de l'État ont agressé sexuellement des mineurs ces dernières décennies, sans qu'aucune accusation ne soit étudiée ou rendue publique. « Parce que je sais que l’Eglise a trop souvent ignoré les survivants d’agressions sexuelles commises par le clergé, je veux partager les premiers résultats de l'enquête », déclare Lisa Madigan. « Bien qu'ils soient préliminaires, ces résultats démontrent la nécessité et l’importance de poursuivre notre travail ». 

L'enquête a débuté en août. Au même moment, un rapport de justice était publié en Pennsylvanie, accusant des évêques d'avoir étouffé des affaires d'agressions sexuelles commises par 300 prêtres ces cinquante dernières années. Dès lors, Lisa Madigan s'est régulièrement entretenue avec des évêques, des avocats et des représentants des six diocèses de l’Illinois : l’archidiocèse de Chicago et les diocèses de Belleville, Joliet, Peoria, Rockford et Springfield. L'équipe de la procureure a également examiné des milliers de pages issues de documents contenant les procédures d'accusations au sein des diocèses. Lisa Madigan a enfin lancé une ligne d'écoute à destination des victimes d'abus sexuels dans l'Eglise, leur permettant de rapporter les agressions sexuelles dont elles ont été victimes. À ce jour, le bureau de la procureur a reçu plus de 300 réponses par téléphone et email. 

À LIRE AUSSI : L'une des victimes des prêtres pédophiles de Pennsylvanie témoigne

Près de 700 prêtres accusés 

Tandis que les six diocèses de l’Illinois ont publiquement identifié 185 membres du clergé ayant été accusés d’abus sexuel sur mineurs, l'enquête de Lisa Madigan révèle qu'en réalité, les diocèses ont reçu des allégations concernant 500 prêtres supplémentaires 

Contrairement au dossier d'accusation publié en Pennsylvanie, le rapport de neuf pages publié par Lisa Madigan ne révèle aucun nom de prêtres accusés, et ne dénonce pour négligence aucun évêque en particulier. Néanmoins, il tente d'évaluer précisément l’écart important entre le nombre d’accusations formulées par les victimes qui ont osé contacter l’Eglise et le nombre d’accusations ayant été jugées « crédible » par l’Eglise elle-même. Selon le rapport, les trois quarts des accusations portées contre le clergé n’ont fait l'objet d'aucune enquête. « L'idée que le nombre d'agressions sexuelles commises par le clergé sur des mineurs soit plus élevé que ce que nous avons rapporté est tout simplement fausse », se défend pourtant William Kunkel, conseiller de l'archidiocèse de Chicago. « Il n’est pas juste de dresser une liste des accusés, pas plus qu’il ne serait juste de dresser une liste des reporters », continue-t-il. 

« L'Eglise catholique n'est pas capable de faire sa police elle-même »

« En choisissant de ne pas enquêter de manière approfondie sur les allégations, l'Église catholique a manqué à son obligation morale de fournir aux survivants, aux paroissiens et au public un compte rendu complet et précis de tous les comportements sexuels inappropriés impliquant des prêtres dans l'Illinois », déclare Lisa Madigan. « L’Église catholique n’a jamais cherché à savoir si une telle conduite des prêtres accusés a été ignorée ou dissimulée par ses supérieurs »

Début janvier, les évêques américains se réunissent pour un séminaire exceptionnel dirigé par la Pape Francois, à Mundelein près de Chicago. Cette retraite spirituelle appelera 300 évêques à réfléchir sur le rôle de l’église dans les scandales d’agressions sexuelles sur mineurs. Lisa Madigan souhaitait rendre publiques les conclusions de son enquête avant l'événement, puisque visiblement « L'Eglise catholique n'est pas capable de faire sa police elle-même », conclut la procureure. 

Un pays divisé: 49% des Américains soutiennent Trump quant au décret anti-immigration

D'une simple signature, vendredi 27 janvier, le nouveau président-élu a temporairement interdit l'entrée sur le territoire américain à six pays (Iran, Irak, Soudan, Libye, Yémen et Somalie) pour 90 jours, mais il a également interdit l'entrée sur le territoire aux Syriens pour une date indéfinie.

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En l'espace de quelques heures, Trump a interdit l'accès au pays à plus de 218 millions de personnes. Cela a créé des perturbations dans les aéroports où des personnes se sont faites arrêtées à la douane.

Screen Shot 2017-01-31 at 10.01.07 PMTrès rapidement, la juge fédérale Ann Donnelly a interdit aux autorités d'expulser les ressortissants arrivés sur le territoire américain des sept pays concernés. Selon l'Huffington Post Américain, elles ont pu quitter les aéroports.

Barack Obama critique la décision de Trump

L'ancien président s'est exprimé pour la première fois depuis qu'il a quitté le Bureau ovale. C'est la première fois qu'Obama critique le nouveau président, cassant l'une des règles tacites qu'un ancien président ne devrait pas critiquer son successeur.

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Barack Obama a offert son soutien aux manifestants qui sont restés tout le weekend dans les aéroports à manifester et soutenir les réfugiés à travers le pays. Ceux qui protestent ressentent "exactement ce que l'on attend des Américains lorsque nos valeurs sont mises en enjeu." explique Kevin Lewis, le porte-parole de l'ancien président.

Screen Shot 2017-01-30 at 5.39.10 PMLorsqu'on compare les décisions de Barack Obama sur la politique étrangère et celle de Donald J. Trump, l'on comprend assez vite qu'Obama est en total désaccord avec Trump en ce qui concerne la discrimination des individus en fonction de leur religion.

Trump campe sur ça décision

Lundi 30 janvier, le nouveau président s'est défendu des attaques en justifiant son décret expliquant vouloir protéger les Américains. il a expliqué que les États-Unis allaient " continuer à être compatissants pour ceux qui vivent sous l'oppression" mais qu'il ferait cela en "protégeant nos propres citoyens and nos frontières". 

Cependant, selon un sondage Reuters/Ipsos, 49% des Américains sont d'accord avec le décret anti-immigration de Trump.

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Alors que le pays est divisé, les pays européens restent unis face au président Américain.

Mardi 31 janvier, Donald Tusk, le président du Conseil européen déclaré que l'administration Trump était "une menace" au même titre que la Russie, la Chine, l’islam radical, la guerre et le terrorisme.

"Pour la première fois de notre histoire, dans un monde de plus en plus multipolaire, tant de gens deviennent ouvertement anti-européens ou au mieux eurosceptiques. En particulier, le changement à Washington met l’Union européenne dans une situation difficile. Semblant remettre en question les 70 dernières années de la politique étrangère américaine.” s'est exprimé Donald Tusk.

Les pays européens qui ne sont pas concernés par cette interdiction d'accès du territoire Américain protestent à leur manière, faisant comprendre leur désaccord avec la politique de Donald J. Trump comme l'explique CNN, "Mettant à nu ce que beaucoup d'Européens pensent en privé et ouvrant la voie aux tensions entre les États-Unis et l'Union-Européenne."

Plus d'un million d'Anglais ont pour l'instant signé une pétition contre la visite de Donald J. Trump dans leur pays.

Au même moment, la France se positionne clairement contre les idées du président Américain et de son décret anti-immigration. Lors d'une visite à Téhéran, en Iran lundi 30 janvier, Jean Marc Ayrault a dénoncé une "situation inacceptable pour les personnes concernées"

Le ministre des affaires étrangères a également ajouté qu'il pense  "aux binationaux, franco-iraniens, irano-américains, qui sont meurtris par cette situation. C'est un choc pour eux, c'est vécu comme une blessure", lors d'une conférence à Riyad en Arabie Saoudite.

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Insistant sur le fait que la décision de Donald J. Trump est surprenante et brutale. Il a fini son discours en expliquant que la situation des réfugiés concernait tous les pays,

"L'accueil des réfugiés est un devoir de solidarité conforme à nos engagements internationaux. Et le terrorisme n'a pas de nationalité. Nous serons plus forts dans la lutte contre le terrorisme en respectant nos valeurs. Les États-Unis devraient rester fidèles à ces valeurs"

Donald Trump fait partie des nominés au prestigieux prix Nobel de la paix. Crédit : Right Side Broadcasting

Donald Trump, milliardaire trois fois marié et propriétaire de casinos, veut être le sauveur des chrétiens

Lors de son meeting lundi soir, à l’université chrétienne de Liberty en Virginie, l'une des plus grandes universités chrétiennes, Donald Trump s’est une fois de plus posé en défenseur de la chrétienté.

Devant une foule de 10 000 personnes, le candidat républicain en tête des sondages a revendiqué son amour des valeurs chrétiennes et son adhésion au protestantisme. Son but affiché : “protéger la chrétienté”, notamment contre les attaques des groupes terroristes au Moyen Orient. "Si vous regardez ce qu’il se passe dans le monde… La chrétienté est assiégée !", a-t-il affirmé.

Pourtant, “avant d’être candidat à la présidence, Trump, propriétaire de casinos de longue date, qui a quitté sa première femme pour celle qui était alors sa maîtresse, n’était pas connu pour être disert sur sa vie religieuse”, relève Politico.

Mais Trump veut séduire les évangélistes. Ils représentent un quart de la population, selon le Pew Research Center, ce qui fait de l'évangélisme la première religion du pays.

Or “45% des évangélistes comptent la foi d’un candidat parmi l’un des plus importants facteurs déterminant leur vote”, relève Politico, “contre seulement 9% des Américains, selon un sondage réalisé l’année dernière”.

Son livre de chevet ? La Bible.

Alors, Donald Trump, qui est presbytérien (un courant du protestantisme), parle de la Bible comme son livre préféré.  "Vous savez quel est mon premier [livre favori entre tous] ? La bible !", déclarait-il en août dernier. (En deuxième position vient... son propre ouvrage.)

Cela n’a pas empêché Trump de se tromper en citant le livre sacré lundi, face aux étudiants. Le candidat a cité un passage du Deuxième épître aux Corinthiens, qu’il a nommé “Two Corinthians” au lieu “Second Corinthians” (qui s’abrège généralement “2 Corinthians” par écrit, d’où peut-être la confusion de Trump). La gaffe a provoqué l’hilarité des étudiants dans la salle, relève NPR. La faute a aussitôt été reprise par ses adversaires sur les réseaux sociaux :

“Qu’est-ce que “2 Corinthians” ?” a tweeté Brian Philipps, un des responsables de la campagne du sénateur Ted Cruz



Source : C-SPAN

Une profession de foi tardive qui ne convainc pas tous les évangélistes

Tous les évangélistes ne sont pas convaincus par la profession de foi de Trump. Russel Moore, président de la Commission d’Ethique de Liberté Religieuse de la première congrégation protestante des États-Unis, a exprimé son mécontentement après la venue de Trump à l’université. Ses tweets ont été repérés par CNN :

“Remplacer l’Evangile de Jésus Christ par de la politique n’est pas la liberté mais l’esclavage”

John Stemberger, président d’un lobby conservateur qui défend les valeurs de la famille en Floride, cité par le Washington Post, s’est quant à lui offusqué que “[Le président de l’université Liberty, Jerry Falwell Jr ait] apporté son soutien officiel à l’homme le plus immoral et impie à avoir jamais été candidat à la Présidence des Etats-Unis". (Le président s'est cependant bien gardé d'apporter à Trump son onction officielle, malgré ses commentaires élogieux.) 

Donald Trump, chrétien opportuniste ?

Le passé de Donald Trump dérange certains évangélistes. En 1999, il déclarait “détest[er] le concept de l’avortement (...) mais malgré tout je crois en le choix [de la personne]”. Depuis, Donald Trump est devenu “pro-life” (anti-avortement). En 2011, interviewé par CBN News, il affirmait avoir changé d’avis après que l’un de ses amis ait décidé de garder son enfant.

Ses trois mariages et l’origine de sa fortune - en partie issue des casinos - ne lui sont pas non plus favorables aux yeux de John Stemberger, qui le qualifie de “propriétaire de casinos avec des clubs de strip-tease, trois fois marié et qui nous offrirait la première “First Lady” qui a fièrement posé nué (...)”(Melania Trump a été photographiée nuée en 2000 pour la version britannique du magazine GQ).

Donald Trump et sa troisième femme, Melania. Crédit : Boss Tweed

Donald Trump et sa troisième femme, Melania. Crédit : Boss Tweed

Chasser sur les terres de Ted Cruz

Séduire les chrétiens est pour Trump un moyen chasser sur les terres de son concurrent le plus dangereux selon les sondages, Ted Cruz, qui courtise régulièrement les Evangélistes : en mars dernier, Ted Cruz avait lui aussi choisi de s’exprimer à l’université Liberty pour annoncer sa candidature à la Maison blanche. 

Donald Trump a tenté de décrédibiliser le sénateur du Texas aux yeux des Evangélistes en décembre dernier, en déclarant que "peu d’Evangélistes viennent de Cuba", le pays d’origine des parents de Cruz, lors d’un meeting dans l’Iowa.

Donald Trump accueilli en rock star 

La stratégie de Trump semble porter ses fruits : malgré les protestations de certains étudiants, Trump a été accueilli en rock-star à l’université de Liberty. Le président de l’université l’a qualifié de bouffée d’air frais. “Le public américain est finalement prêt à élire un candidat qui n’a pas fait carrière en politique”, s’est-il réjoui, cité par Politico

En décembre, un sondage CNN/ORC attribuait 45% des intentions de vote des Républicains blancs évangélistes à Donald Trump, contre 18% pour Ted Cruz. Une réserve de votes non négligeable à moins de deux semaines de la primaire dans l’Iowa, un état qui compte 77% de chrétiens.

AS et AN 

La vidéo de Josha Feuerstein, qui entend forcer Starbucks à souhaiter un "Joyeux Noël à ses clients", est rapidement devenue virale.

Un chrétien évangélique affirme que les gobelets de Starbucks s'attaquent à Jésus, et sa vidéo devient virale

Jusqu'à présent, les gobelets de Starbucks se paraient de symboles de Noël, tels que les flocons de neige, à l'approche des fêtes. Mais cette année, la chaîne de cafés américaine a banni les références à Noël sur ses gobelets de saison. Seule allusion aux fêtes de fin d'année ? Leur couleur rouge. Résultat : certains chrétiens y ont vu une atteinte à leur foi.

Parmi eux, Joshua Feuerstein, qui se décrit comme un chrétien évangélique sur son site internet, a publié une vidéo devenue intitulée : "Starbucks A RETIRE NOEL de leurs gobelets parce qu'ils détestent Jésus". Elle a été vue plus de 12 millions de fois :  :

Joshua Feuerstein dans le texte :

"A l'ère du politiquement correct, nous devenons tellement ouverts d'esprit que nos cerveaux nous tombent littéralement de la tête. Vous réalisez que Starbucks voulait retirer le Christ et Noël de leurs nouveaux gobelets ? D'où leur couleur rouge. Vous réalisez que Starbucks n'a pas le droit de souhaiter un joyeux Noël à ses clients ?

Eh bien j'ai décidé, au lieu de simplement boycotter [Starbucks], pourquoi ne pas créer un mouvement : j'entre, je commande un café, ils me demandent mon nom [pour l'écrire sur le gobelet] et je leur dis que mon nom est 'Joyeux Noël'. Alors, devine quoi Starbucks ? Je t'ai forcé à écrire 'Joyeux Noël' sur tes gobelets !".

L'homme appelle ensuite tous les chrétiens à faire de même et à partager la photo de leur gobelet rouge estampillé "Joyeux Noël".

Joshua Feuerstein ajoute qu'il portait son "tee-shirt Jésus Christ" lorsqu'il s'est rendu dans le café, et qu'il avait même un pistolet sur lui, car Starbucks "déteste" le deuxième amendement de la constitution américaine (qui concerne le droit de porter des armes), affirme-t-il. En 2013, le PDG de Starbucks avait en effet demandé aux Américains de ne plus porter d'armes dans les cafés de l'enseigne.

Les gobelets de la discorde. Ils arborent un rouge festif, mais ne sont plus estampillés d'un "Joyeux Noël" Crédit : Starbucks

Les gobelets de la discorde. Ils arborent un rouge festif, mais ne sont plus estampillés d'un "Joyeux Noël" Crédit : Starbucks

Selon Starbucks, le nouveau design des gobelets est voué à créer une culture de l'intégration et à montrer que les clients de toutes confessions sont les bienvenus dans ses cafés. En effet, tout le monde ne fête pas Noël pendant les vacances de fin d'année - les Juifs célèbrent par exemple Hanukkah. Pour autant, Starbucks propose toujours des produits qui font référence à Noël, comme son café "Christmas blend" (mélange de Noël).

Quand certains internautes ont répondu à l'appel de Joshua Feuerstein en postant des photos de leur gobelet estampillé "Merry Christmas" (Joyeux Noël), d'autres ont détourné le hashtag proposé par l'évangéliste, #MerryChristmasStarbucks, pour le railler :

"Si des tasses de café définissent ton Noël, chéri, c'est toi qui as besoin de Jésus"

"Franchement, c'est juste une tasse de café"


Ania Nussbaum

Un pape très politique face au Congrès à majorité républicaine

Le pape François attire les foules cette semaine aux Etats-Unis. Accueilli en superstar à Washington, il a rapidement donné le ton (politique) de sa visite en abordant l'immigration, un sujet brûlant dans la course à la présidentielle américaine. "C'est en tant que fils d'une famille immigrée que je suis heureux d'être l'invité de ce pays, qui a été bâti en grande partie par des familles comme la mienne", a déclaré le pape argentin, né de parents italiens.

Pas étonnant, donc, de le voir aborder les sujets qui fâchent devant le Congrès, où il s'est exprimé ce jeudi - une première historique pour un pape.

Alors que la campagne des candidats pour gagner l'investiture de leurs partis bat déjà son plein, tout moment peut être éminemment politique, y compris une poignée de mains. "Le pape n'a pas serré beaucoup de main en se rendant à la Chambre," écrit le journaliste de NPR. "Mais François a fait l'effort de venir vers le secrétaire d'Etat John Kerry et de lui serrer la main. C'est un changement majeur par rapport à 2004, lorsque les officiels de l'Eglise appelaient à ne pas accorder la communion à Kerry, car celui-ci défendait le droit à l'avortement lorsqu'il représentait les démocrate à l'élection présidentielle", selon NPR.

Voici les citations les plus marquantes de son discours, devant un parlement à large majorité républicaine.

Le pape plaide pour l'abolition de la peine de mort, devant un congrès à majorité conservatrice :

"Je suis convaincu que toute vie et sacrée et que toute personne humaine a été dotée d'une dignité inaliénable. La société ne peut que bénéficier de la réhabilitation de ceux qui ont été condamnés pour des crimes. Récemment, mes frères évêques américains ici, aux Etats-Unis, ont renouvelé leur appel pour abolir la peine de mort. Non seulement je les soutiens, mais j'encourage tous ceux qui sont convaincus qu'une punition juste et nécessaire ne doit jamais exclure l'espoir d'une réinsertion."

Il appelle le congrès à lutter contre le changement climatique, devant de nombreux élus qui remettent en question l'influence des humains sur le réchauffement :

"J'appelle à un effort courageux et responsable pour changer le cours des choses, et pour empêcher les effets les plus sérieux de la détérioration environnementale causée par l'activité humaine. Je suis convaincu que nous pouvons changer les choses. Je n'ai aucun doute sur le fait que les Etats-Unis - et ce Congrès - ont un important rôle à jouer."

Les Démocrates applaudissent. Certains Républicains restent assis.

Le pape réitère son opposition à l'avortement, en toute subtilité :

"La Règle d'Or [« ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse »] rappelle que nous avons la responsabilité de protéger la vie humaine, et ce à tous les stades de son développement."

Il insinue qu'il est contre le mariage gay, autorisé sur la totalité du territoire américain depuis une décision de justice cet été, en rappelant son attachement à la famille :

"Je ne saurais dissimuler mon inquiétude quant à la famille, qui est menacée, peut-être plus que jamais, de l'intérieur et de l'extérieur. Certaines relations fondamentales sont remises en question, tout comme la base du mariage et de la famille. Je ne peux que réaffirmer l'importance et, surtout, la richesse et la beauté de la vie de famille."

Le souverain pontife appelle à la tolérance et à la fraternité envers les immigrés et les réfugiés :

"Nous, hommes de ce continent, ne craignons pas les étrangers, car nous avons tous été étrangers. Je vous dis ceci en tant que fils d'immigrés, en sachant qu'un grand nombre d'entre vous a également des ancêtres immigrés. (...) La construction d'une nation nécessite de reconnaître notre besoin permanent de comprendre l'autre, de rejeter toute mentalité hostile." 

"Notre monde connaît une crise des réfugiés d'une envergure sans précédent depuis la Seconde guerre mondiale. De grands défis et des décisions difficiles nous attendent. (...) Nous ne devons pas être pris de cours par les nombreux [réfugiés], mais les voir comme des personnes, regarder leurs visages et écouter leurs histoires, et tenter de répondre au mieux à la situation. De répondre de façon humaine, juste et fraternelle."

Il félicite Obama pour la normalisation des relations diplomatiques avec Cuba et l'accord sur le nucléaire iranien :

"J'aimerais reconnaître les efforts des récents mois pour surpasser les différences historiques nées d'un passé douloureux. Il est de mon devoir de créer des passerelles et d'aider tous les hommes et toutes les femmes, de toutes les façons possibles, à faire de même. Lorsque des pays qui étaient en désaccord retrouvent le chemin du dialogue - un dialogue qui peut avoir été interrompu pour les raisons les plus légitimes - de nouvelles opportunités se présentent pour tous. Cela a nécessité et nécessite du courage et de l'audace - ce qui diffère de l'irresponsabilité."

Il dénonce la vente d'armes aux belligérants :

"Etre au service du dialogue et de la paix signifie également être vraiment déterminé à réduire et, à long terme, mettre fin aux nombreux conflits armés dans le monde. Nous devons nous poser la question : pourquoi des armes mortelles sont-elles vendues à ceux qui projettent d'infliger des souffrances aux individus et à la société ? Malheureusement, nous le savons tous, la réponse est : pour l'argent, de l'argent qui baigne dans le sang, souvent un sang innocent. Face à ce silence honteux et coupable, il est de notre devoir de confronter le problème et de mettre fin à la vente d'armes."

Il met en garde contre le fondamentalisme religieux :

"Nous savons qu'aucune religion n'est exemptée de certaines formes de délires individuels ou d'extrémisme idéologique.  Cela signifie que nous devons être particulièrement attentifs à tout type de fondamentalisme, qu'il soit de nature religieux ou non."

Il ne se lance pas dans une critique du capitalisme, comme il l'a fait par le passé, mais rappelle la nécessité de lutter contre la pauvreté :

"[Ceux qui sont prisonniers du cycle de la pauvreté] ont besoin, eux aussi, d'espoir. La lutte contre la pauvreté et contre la faim doivent être des combats permanents."

L'entreprise doit servir le bien commun, a ajouté le pape : "Les affaires sont une vocation noble, destinée à produire des richesses et rendre le montre meilleur. Elles peuvent être une source de prospérité là où se trouvent les entreprises, surtout si le business voit la création d'emplois comme une part essentielle de sa contribution au bien commun."

Lisez la totalité du discours (en anglais) sur le site du Washington Post.