Les recherches pour retrouver l'Héraultais de 29 ans disparu depuis trois mois au Bangladesh sont très difficiles, malgré l'importante mobilisation de ses proches et des réseaux sociaux.
Mais où est Arthur Angé ? Depuis plus de trois mois, personne ne le sait. Mais depuis quelques jours, les médias français et étrangers relaient l'appel du cœur de ses proches, très mobilisés. Ils ont lancé un appel à témoins sur Facebook et Twitter, ainsi qu'une pétition dans le but de le retrouver. Des avis de recherche, en plusieurs langues, sont abondamment relayés : « Ça a fonctionné, assure sa mère Mireille Daligault, on a réussi à retrouver quelqu'un qui l'avait pris en moto avant qu'il ne parte pour la frontière birmane ».
Mais les recherches sont difficiles. Arthur Angé, un Héraultais de 29 ans voyageait en routard depuis plus de trois ans. Le plus souvent par voie terrestre, en longeant les côtes. Et sans téléphone. Un détail qui complique fortement l'enquête, alors que sa disparition a été signalée deux mois après son dernier signe de vie, le 27 janvier : « On a pas de point précis de recherche », explique une source proche de l'enquête en Asie, qui souligne que le scénario des jours suivant est « très ouvert ».
Seul son compte messenger (le service de messagerie de Facebook) s'est récemment activé. Sa tablette a sûrement été volée. De quoi soulever de nombreuses questions : « Les services de la sécurité nationale ont été sollicités dans le but de localiser d'où est activé son compte », indique Sophie Aubert, ambassadrice de France au Bangladesh. Mais ces connexions sont protégées par la politique de confidentialité du réseau social : « Ça nous ennuie de ne pas pouvoir solliciter Facebook, regrette Thibaut Lecat, un ami qui devait le rejoindre en Malaisie, ça pourrait aider à retracer les derniers jours de son parcours ».
Ses proches se sont donc rapprochés de plusieurs ONG afin de bénéficier de leur réseau sur place. Le Quai d'Orsay est également en contact avec Mireille Daligault, mais elle craint que « l'attention ne retombe à cause des élections ». Ils réfléchissent donc à se rendre eux-même sur place « si jamais ça n'avance pas », conclue-t-elle.
Arthur Angé entre au Bangladesh le 9 janvier, selon l'ambassade de France à Dacca. Le but : rallier la cité portuaire de Chittagong, à seulement 50 kilomètres de la frontière avec la Birmanie. « Notre consul a essayé de le dissuader de poursuivre vers Chittagong pour rejoindre une destination qu’il n’avait pas encore bien déterminée, mais il a voulu poursuivre son parcours », assure Sophie Aubert. Il arrive à Chittagong le 13 janvier, et cherche à partir pour la Malaisie « en bateau semble-t-il, mais sans succès », précise-t-elle.
Contre toute attente, il serait parti à Khulna, à l'opposé de la frontière : « On ne comprends pas trop pourquoi il est parti dans cette direction là », se demande Thibaut Lecat. De retour à Dacca il rencontre trois Bangladais. Ils apparaissent ensemble sur deux photographies. Les derniers clichés connus de lui : le Français disparaîtra cinq jours plus tard. « Il était un peu pressé, et il avait l'air fatigué », raconte Khaled Saifullah, l'un d'eux, « on lui a demandé ce qu'il comptait faire, mais il a juste dit qu'il devait aller à Chittagong », ajoute Aminul Islam.
Il semble alors se décider à traverser la frontière birmane pour rejoindre la Malaisie par la Thaïlande et envoie un dernier message à son ami depuis Dacca, le 26 janvier. Mais le cœur n'y est pas. Quelques mois plus tôt, Arthur Angé avait déjà traversé la Birmanie. Il aurait rencontré des problèmes sur place, « avec la police ou l'armée locale », pense Thibaut Lecat. Alors, cette fois-ci, « il voulait absolument éviter de passer par la Birmanie ». Les états birmans du Chin et du Rakhine, frontaliers du Bangladesh, sont en effet fortement déconseillés aux voyageurs. Des tensions inter-communautaires, des bandes armées et des trafics occupent la région. Plusieurs événements violents ont été dénombrés ces dernières années.
Son ami pense qu'il a réussi à traverser la frontière, et espère seulement « qu 'il soit retenu » sur place. Un sentiment partagé par Mireille Daligault : « Arthur est un gamin très tenace. Il était préparé à un emprisonnement, préparé moralement à pourvoir tenir, explique-t-elle. Il sait très bien qu'on est derrière. Arthur sait qu'on est là ».
Valentin Guinel (St.)