Moscou. Ecole de Cadets n°1702 "Corps de Cadets Petrovski". A la veille du "Posledniy zvonok" ou la "Dernière sonnerie" c’est l’effervescence. Entre deux cours, les élèves répètent les marches et danses de la cérémonie du lendemain. Dans toutes les écoles russes, cette dernière sonnerie, fin mai, est un jour très symbolique en particulier pour les terminales qui quitteront bientôt définitivement les lieux. A l’école de Cadets n°1702, tous les élèves préparent l'événement dès le CE1. C’est l’une de ces journées où ils pourront revêtir leur plus bel uniforme de parade et défiler fièrement devant leurs parents et leurs enseignants.
Répétition pour les élèves de terminale
La tradition des écoles de cadets trouve ses origines dans la Russie impériale. L’Impératrice Anne fonde le premier corps de cadets à Saint-Pétersbourg en 1731. L’objectif est de former les fils de la noblesse à l’entrée dans les académies militaires. Une cinquantaine de corps et écoles de cadets sont fondés sous la Russie tsariste. En 1918, les corps de cadets sont dissous par les bolchéviques et la plupart de leurs élèves rejoignent l’Armée blanche. Quelques écoles de type militaire apparaissent sous le régime soviétique dès 1943 pour recueillir les orphelins de la Seconde Guerre mondiale et les former. C’est en 1992, après la chute de l’URSS que les écoles et corps de cadets réapparaissent progressivement en Fédération de Russie.
Depuis le début des années 2000 avec le renouveau des valeurs patriotiques au sein de la société russe, les corps et écoles de cadets gagnent en popularité. Moscou compte à elle seule 22 écoles ou écoles-internats de ce type. Sur toute la Russie, on en dénombre 58 à ce jour. Corps de cadets cosaque, musical, diplomatique ou de justice militaire, il y en a pour tous les goûts. Ces écoles sont publiques mais la sélection à l’entrée est très stricte et les familles intéressées sont issues de classes sociales très variées. Depuis la rentrée 2014, des classes de cadets ont été créées dans 70 écoles moscovites d’enseignement général en prévision des commémorations du 9 mai 2015 qui auront marqué les soixante-dix ans de la fin de la Grande guerre patriotique (nom donné par les russes à la Seconde Guerre mondiale).
Les élèves peuvent intégrer les écoles de cadets dès le CE1
L’école de Cadets n°1702 a été créée en 2002. Il s'agit d'une école mixte. Margarita Zboïkova, la directrice, affirme que son école figurait au classement des 500 meilleures écoles de Russie en 2014. La plupart des élèves ont rejoint le Corps de Cadets Petrovski dès le CE1 ; certains disent avoir intégré cette école de leur plein gré. Les autres avouent avoir été poussés par leurs parents, persuadés que l’enseignement cadet leur apprendrait la discipline et les valeurs qu’ils estiment être indispensables à la formation d’un citoyen exemplaire. La majorité des élèves semblent satisfaits de ce choix. « Nous avons suivi une scolarité à part. On nous a appris la discipline et nous sommes prêts à entrer dans la vie adulte. Je n’envie pas mes anciens camarades de classe qui s’ennuient dans leurs écoles normales » affirme Vera, une élève de terminale.
Les élèves apprennent les gestes de premiers secours
En plus des matières de base, les élèves, vêtus de leurs uniformes, suivent des cours de danse, d’étiquette des affaires et de bonnes manières. L’enseignante se plaît d'ailleurs à souligner que l’apprentissage des bonnes manières chez les cadets est un héritage français. L'"initiation au service militaire" fait aussi partie du programme. Les élèves apprennent à manier le montage et démontage de l’AK-47, ou les gestes de premier secours à appliquer en cas de catastrophe ou de conflit. Gestes qu’ils répètent inlassablement en vue de futures compétitions sportives entre écoles de cadets à l’échelle du pays.
Le maniement des armes fait aussi partie de l'apprentissage
Le jour de la "Dernière sonnerie", c’est surtout le mot "fraternité" qui revient dans toutes les bouches. Irina, Kristina, Ivan, Pavel, Vera, Piotr et les autres, tous élèves de terminale se destinent à des cursus universitaires très variés. Une tradition qui renaît donc mais sous une nouvelle forme ; la carrière militaire n’est plus l’objectif principal de l’enseignement cadet. Futurs vétérinaire, diplomate, économiste, juriste, sauveteur ou chirurgien militaire, tous s’accordent à dire qu'en quittant l’école ils regretteront avant tout la fraternité des cadets.
A l'occasion de la "Dernière sonnerie" les grands défilent...
... tout comme les plus petits
Par Alexandra Dalsbaek
