L'opulence et le luxe avec la tête dans les nuages, ça vous branche ? Oubliez la Trump Tower new-yorkaise, pour la "modique" somme de 50 millions de livres (57 millions d'euros), vous aurez votre appartement de rêve au sommet de la plus grande tour de Londres : the Shard. Pas de panique cependant, vous avez le temps de mettre un peu d'argent de côté, car les dix logements les plus hauts de la capitale ne s'arrachent pas encore comme des petits pains. Loin s'en faut…
Depuis l'inauguration du gratte-ciel en 2012, ils n'ont toujours pas trouvé preneurs et leurs panoramas à couper le souffle n'ont encore profité à personne. Et pourtant, l'offre est particulièrement alléchante. Avec un design futuriste signé Renzo Piano et une architecture déjà culte, nombreux sont les visiteurs à photographier cette silhouette élancée et longiligne qui s'élève au dessus de la mêlée urbaine. Ses 309 mètres de verre miroitant déploient leur ombre sur la Tamise et semblent presque moquer les vieilles pierres du séculaire Tower Bridge voisin. L'ensemble a de quoi faire tourner la tête.
Les promoteurs espéraient bien que tous ces atouts et une vingtaine de coups de fil suffiraient pour appâter les acquéreurs... Ce fut la douche froide. Il faut dire que le contexte n'est pas spécialement à la fête. Le marché du luxe vit des heures moribondes et a plongé de 86% en 2016. Mise en cause : une hausse de la fiscalité, notamment sur les acheteurs étrangers, qui ne sont pas réellement affectés par le Brexit.
Mais la conjoncture ne fait pas tout et le quartier lui-même suscite des critiques. Malgré un emplacement à quelques centaines de mètres de la City, les clients fortunés ne sont pas particulièrement friands de la rive sud londonienne, et encore moins de la plateforme d'observation qui coiffe le colosse et attire 6 000 curieux chaque jour.
A l'heure où l'accès à l'immobilier local est saturé et affiche des prix exorbitants, la nouvelle fait quelque peu grincer des dents Outre-Manche...
Maxence Peigné, avec Loïc de La Mornais