Ce jeudi, EDF a signé à Londres avec le gouvernement britannique et son partenaire chinois CGN, les contrats relatifs à la construction de deux réacteurs nucléaires EPR sur le site d'Hinkley Point, au sud-ouest de l'Angleterre. Cette signature marque la relance du nouveau nucléaire en Grande-Bretagne et en Europe. La phase de construction d’Hinkley Point C est désormais lancée.
"Confiance" et "rationalité" ont été les maîtres-mots de Jean-Bernard Lévy, le président directeur-général du groupe EDF lors du déjeuner de presse donné ce jeudi au siège londonien d'EDF Energy. Le groupe français et le gouvernement britannique ont signé le lancement de la construction de deux réacteurs nucléaires EPR sur le site d'Hinkley Point, au sud-ouest de l'Angleterre. Le plus gros projet d'investissement d'EDF à l'étranger. C'est la première fois que des centrales nucléaires vont être construites en Europe depuis la catastrophe de Fukushima en 2011.
La signature du contrat inclut notamment "la mise en développement" du site de Sizewell, dans le Suffolk, et la vente du terrain de Bradwell, dans l’Essex, à la société chinoise, pour y construire une nouvelle centrale.
Regardez notre interview exclusive avec Jean-Bernard Lévy à Londres:
Le conseil d'administration de l'entreprise française a donné son feu vert au projet mardi soir. Il a accepté les conditions fixées par le gouvernement britannique. Pourtant, le 28 juillet dernier, alors que les contrats devaient être signés, la Première ministre britannique Theresa May avait suspendu sa décision pour réexaminer le projet. Elle a finalement donné son aval le 15 septembre dernier, preuve selon Jean-Bernard Lévy de la "solidité du projet d'Hinkley Point" et ce, "malgré le scepticisme" des médias. Selon le PDG, même si le cheminement a été plus lent qu'il ne l'espérait, le projet s'est imposé en raison de sa "rationalité" et de ses "mérites indiscutables."
Pour ce qui est du calendrier, les premières années seront consacrées à la poursuite des travaux de terrassements déjà en chantier, ainsi qu'à la construction des galeries. Le premier béton de sûreté devrait être coulé en 2019. Une fois le chantier arrivé "à maturité", les réacteurs d'Hinkley Point devraient, quant à eux, progressivement sortir de terre jusqu'à leur mise en service d'ici à 2025.
Jean-Bernard Lévy l'assure sereinement : " Nous serons dans les temps. Nous sommes confiants sur le fait que le produit que nous allons construire est un produit que nous maîtrisons." Le PDG a également confirmé que le coût de construction du projet, estimé à près de 20 milliards d'euros, reste inchangé. Il en est persuadé, Hinkley Point ne connaîtra pas le même sort que la centrale française de Flamanville, initialement prévue pour 2012 et toujours non achevée.
Le dirigeant l'admet, ce projet n'est pas sans risque. Mais il compte sur l'expérience et l'expertise de ses ingénieurs pour le mener à bien. "Il faut savoir gérer la complexité et je crois que c'est un savoir faire français. Les Français sont de bons ingénieurs. Avec nos collègues britanniques, nous allons tous ensemble réussir à gérer ce chantier d'une très grande ampleur."
Élise Dherbomez et Camille Soligo, avec Loïc De La Mornais