Une modification génétique pour éradiquer l'espèce des moustiques "anophèles" responsable du paludisme.
Les OGM, Organismes Génétiquement Modifiés, ont une bien mauvaise réputation lorsqu’ils envahissent nos assiettes... mais ils sont sur le point de se redorer le blason grâce à des chercheurs de l’Imperial College à Londres.
Des biologistes tentent de trouver une nouvelle stratégie pour lutter contre le paludisme. La maladie se transmet par les piqûres de moustiques et l’idée était donc de s’attaquer à l’espèce porteuse de la maladie, l’anophèle.
S'attaquer aux femelles
Les scientifiques ont génétiquement modifié les spermatozoïdes des moustiques mâles afin qu’ils ne produisent que des mâles : à terme, faute de femelles, cette situation aboutira à une disparition de l’espèce.
Pour ce faire, des biologistes ont injecté chez les mâles un enzyme qui les empêche de créer des spermatozoïde X, ce qui permettait la conception des femelles. En se reproduisant, ils ne pourront désormais engendrer que des mâles. Une technique plus simple que celle de la stérilisation de tous les moustiques.
Progressivement, la population de mâles augmentera, jusqu’à ce que les moustiques ne soient plus en mesure de se reproduire, faute de femelles existantes.
Les premiers résultats sont très prometteurs : en mélangeant 50 moustiques génétiquement modifiés avec 50 moustiques sauvages, la population a été anéantie au bout de 6 générations , ce qui correspond à 3 mois. L’idée est donc de poursuivre la recherche à une plus grande échelle.
Le paludisme, fléau de l'Afrique
Le paludisme fait des ravages en Afrique SubSaharienne, 600.000 personnes meurent chaque année et on estime qu’un enfant toutes les soixantes secondes succombe à cause de la maladie.
Malgré cette avancée décisive dans un combat contre un fléau de l'humanité, d'autres scientifiques s'interrogent sur les considérations éthiques et les conséquences écologiques de l'anéantissement d'une espèce naturelle. Si le programme est concluant, les premiers moustiques anophèles génétiquement modifiés pourraient être relâchés dans la nature d'ici deux ou trois ans.
Laura Kalmus, avec Loïc de La Mornais