C’est la deuxième rue la plus chère d’Angleterre. Mais à Bishops Avenue, derrière les façades luxueuses, se cache une autre réalité. Celle d’une quinzaine de propriétés très haut standing totalement abandonnées, dont certaines appartiennent à la famille royale saoudienne. Le Guardian qui a révélé l’histoire estime qu’un quart des demeures de la rue sont inoccupées et présentent un état de délabrement avancé. Au total, ce serait un patrimoine d’une valeur de 350 millions de livres sterling (422 millions d’euros) qui tombe en ruine.
Photo Graeme Robertson
Parmi ces demeures, un hôtel particulier appartenant à un membre de la famille royale saoudienne qui l’aurait acheté à la fin des années 80. Les photos prises par le Guardian montrent des pièces envahies par les mousses et la moisissure. Les plafonds, en très mauvais état, laisse l’eau pénétrer à l'intérieur.
Le Guardian a réalisé un reportage complet à ce sujet.
Les spécialistes de l’immobilier à Londres estiment pourtant à 73 millions de livres (88 millions d’euros) la valeur de la propriété. « Des gens comme la famille Royale d’Arabie Saoudite ou de Brunei achètent des propriétés et ne font rien avec. Personne n’a habité dans certaines de ces maisons depuis 25 ans et elles se décomposent », explique Anil Varma, en charge de la restauration d’un de ces palaces.
Les rares habitants de la rue qui acceptent de témoigner évoquent une artère complètement vide. Le Dr Magdy Adib Ishak-Hannah y vit depuis 7 ans. Il affirme n’avoir jamais croisé aucun de ses riches voisins. Selon lui, seules trois maisons seraient habitées. « Il s’agit du terrain vague le plus cher du monde », renchérit Anil Varma.
Photo Graeme Robertson
La situation embarrasse aujourd’hui la ville. Boris Johnson, le maire de Londres a plaidé en faveur d’une taxation des propriétaires afin de limiter le nombre de ces maisons fantômes. Il faut dire que le déficit de logement se creuse chaque année en Angleterre. Les spécialistes parlent d’une pénurie de 100 000 habitations.
De son côté le gouvernement conservateur de David Cameron s’y refuse, pour l’instant. Selon Trevor Abrahmsohn, agent immobilier spécialisé dans les propriétés de luxe : « une des choses que les gens aiment à propos de ce pays c’est la liberté. Vous ne pouvez pas commencer à toucher ce que les gens font de leurs biens. C’est sacro-saint. »
Maxime Bayce avec Loïc de La Mornais