Ce matin c'est John Lichfild le journaliste de "l'Independent" qui résume le mieux la position des britanniques à l'égard de François Hollande. Celui-ci explique que le candidat du parti socialiste à la présidentielle française va devoir réconcilier les deux facettes du "hollandisme". Faire de l'ennemi de la "big finance" d'une part et du modéré et pragmatique homme politique qu'il veut incarner d'autre part, plus qu'une seule personne ! Et c'est au cours de son après-midi londonienne que cette réconciliation doit avoir lieu. Que ce soit au King's college, ou plus tard devant les français de Londres, François Hollande doit convaincre que l'on peut être un "ennemi de la finance", vouloir taxer fortement les super riches et en même temps être un homme politique modéré et défenseur de l'économie de marché, comme il l'a dit au journal "The Guardian" récemment. Pas sûr que son alter ego de la gauche britannique, Ed Miliband soit sur la même ligne... Certes, dés qu'il en a l'occasion Ed Miliband se montre assez vindicatif à la chambre des communes à l'égard du monde de la finance, mais jamais dans des termes aussi durs. C'est toute la difficulté de la période que nous traversons : il est facile pour un homme politique de s'en prendre à ces "fat cats" ces gros chats qui se font beaucoup d'argent afin de flatter les opinions publiques, mais il est plus difficile d'expliquer que la finance c'est elle qui fait fonctionner les économies. Le leader des travaillistes sait trop bien que ce sont les places boursières et en particulier celle de Londres, qui contribuent à financer les dettes publiques en Europe et donc les salaires des fonctionnaires, des retraites et qui nous permet à nous français, de conserver nos avantages sociaux. Que c'est encore la finance qui permet les grands emprunts qui permettront demain à certaines économies de relever la tête en créant des emplois. Et qu'il est bien trop caricatural de s'en prendre aussi violemment à "la big finance" dans une ville qui abrite la première place boursière européenne. Il faut pourtant reconnaître que, même dans un pays aussi libéral que la Grande-Bretagne, les prises de position de la gauche ont changé. Régulièrement la presse se fait l'écho des salaires mirobolants que s'octroient les grands patrons et comment telle ou telle entreprise s'y prend pour échapper à l'impôt des entreprises. L'opinion publique britannique se dit fatiguée elle aussi, d'une telle impunité de la "big finance". Même David Cameron a récemment dit son exaspération face aux bonus du patron de la RBS, banque qui a été renflouée par l'état donc par le contribuable.
Tout cela pour dire que les deux hommes ont en apparence un objectif commun : faire en sorte que la finance soit mieux régulée. Une volonté qui depasse largement les gauches en Europe, la plupart des grands dirigeants de ce monde le souhaite. Mais il est important, dans la période actuelle, de ne pas tout confondre en faisant croire à l'opinion publique française que la "big finance" est responsable de tout. Alors, même si la volonté d'un François Hollande élu président de la république est intact, il faudra qu'il arrive à convaincre ses partenaires au sein du G20 (car la France, seule ne fera rien). Barack Obama et David Cameron en tête. David Cameron qui n'a pas voulu reçevoir François Hollande lors de son passage à Londres. Le premier ministre britannique a fait répondre "qu'il n'était pas disponible"...