L'immigration. C'est la question centrale du référendum sur le Brexit, qui aura lieu le 23 juin prochain. A Clacton-on-sea, les partisans du Brexit sont légions. Autrefois cité balnéaire prospère, cette ville de 55.000 habitants compte la plus grande proportion de retraités du Royaume-Uni. Et le chômage, qui atteint plus de 40%, y fait des ravages. Depuis une dizaine d'années, elle est devenue le fief du seul député UKIP (Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni, populiste et anti-européen) au Parlement britannique, Douglas Carswell. A Clacton, on est anti-tout avant d'être pro-UKIP. Contre ces immigrés qui bénéficieraient d'allocations, contre ces travailleurs européens qui voleraient le boulot des Britanniques, contre le gouvernement conservateur qui n'a fait que réduire les dépenses publiques d'éducation et de santé. Et bien sûr contre l'Union européenne, symbole des élites mondialisées et instrument de la disparition du mode de vie britannique.
Dans ce contexte, la publication des chiffres de l'immigration début mai n'a fait que renforcer ce sentiment de perte de contrôle. L'an dernier, selon le Bureau des statistiques nationales britannique, le Royaume-Uni a enregistré un solde migratoire net de 330.000 personnes en 2015. Parmi elles, 184.000 proviennent de l'Union européenne. Pas d'invasion européenne en perspective donc. Pourtant, le ressenti est tout autre. Dans l'ensemble du pays, ces chiffres ont boosté le camp du "Leave", les intentions de vote en faveur du Brexit dépassant désormais celles du maintien dans l'UE (huit sondages sur les douze derniers réalisés donnent le « Out » gagnant).