Le Glyphosate fait peur. Derrière ce nom un peu barbare, se cache l'herbicide le plus utilisé dans l'Union européenne. Cette substance active effraie ONG environnementales et opinions publiques car classée "cancérigène probable" en mars 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer, un organisme dépendant de l'Organisation mondiale de santé (OMS). Depuis, l’Efsa (l'Autorité européenne de sécurité des aliments) et le JMPR (la Réunion conjointe sur les résidus de pesticides), une structure commune à l’OMS et à la FAO (Agence des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), ont émis un avis contraire.
En juin, l’autorisation de mise sur le marché du glyphosate arrive à échéance en Europe. Initialement, la Commission européenne proposait de prolonger cette autorisation pendant quinze ans. La polémique enflant, le Parlement européen s’est saisi du dossier pour voter une résolution le 13 avril dernier. Celle-ci prévoit de renouveler l’autorisation d’utilisation du glyphosate pour sept ans, mais sous certaines conditions : interdiction d’en disperser dans les parcs et jardins publics, sur les aires de jeux pour enfants… Conscient de l’importance politique d’une telle décision, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a décidé de suivre personnellement ce dossier fort sensible.
Demain, jeudi 19 mai, les vingt-huit experts des Etats membres doivent se prononcer à la majorité qualifiée (55% des Etats membres représentant au moins 65% de la population européenne) pour autoriser - ou non - la reconduction de la vente du glyphosate. L'Allemagne pourrait s'abstenir, tandis que le Royaume-Uni est favorable à une extension. A l'inverse, la France et le Luxembourg s'opposent fermement à un renouvellement de l'autorisation. Ce matin, Marisol Touraine a enfoncé un nouveau coin chez les défenseurs de cette molécule, en qualifiant le glyphosate de "perturbateur endocrinien".
P. Verdeau & S. Faure