C’est l’une des régions les plus préservées et touristiques de Belgique. Il y a soixante-quinze ans pourtant, l’Ardenne belge était ravagée par l’une des batailles les plus meurtrières de la seconde Guerre Mondiale.
Une bataille « hors normes »
Après le débarquement de Normandie, les Alliés avancent vers l’Est de la France. Ils prennent rapidement la Belgique. Avec elle, ses ports, des atouts essentiels dans la logistique de guerre. Le 10 septembre 1944, la petite ville de Bastogne est libérée des Allemands et se transforme en camp de repos américain.
Mais trois mois plus tard, Adolphe Hitler réplique et joue son va-tout. Le 16 décembre, il investit dans une « blitzkrieg » ses derniers contingents d’hommes et de matériel, contre l’avis de son état-major. L’offensive surprise sur Bastogne a un objectif : avancer vers la Meuse pour reprendre le port d’Anvers et bloquer le ravitaillement des troupes alliées. Dans les premiers jours de l’offensive allemande, les américains cèdent du terrain. Et rapidement, le Général allemand Heinrich von Lüttwitz, leur demande la reddition.
« Nuts! » - littéralement « Noix », mais dans le contexte « Que dalle! » - répond le général McAuliffe qui commande par intérim la 101° division aéroportée, encerclée à Bastogne. Les soldats américains sont finalement ravitaillés et évacués de la ville, le 26 décembre 1944, par les unités de chars du Général Patton. Partis de Metz trois jours plus tôt pour une manœuvre de 200 kilomètres sur routes glacées, les bataillons de chars ont été décisifs. Les Allemands sont stoppés avant d’atteindre la Meuse et repoussés, fin janvier, par delà leur ligne de départ.
Une victoire à la Pyrrhus, car la Bataille des Ardennes s’est avérée deux fois plus meurtrière que celle de Normandie. Plus de 80 000 soldats américains seraient morts. Le feu intense des Allemands acculés et déterminés, couplé à un « hiver bastognard particulièrement rude », selon les historiens, peut expliquer cette lourde mortalité.
Après 75 ans, Bastogne célèbre toujours ses libérateurs
Le sacrifice des soldats américains est célébré chaque année par les habitants de Bastogne. Avec cette année, une effervescence particulière. Ces soixante-quinze ans pourraient être la dernière commémoration majeure réunissant des vétérans de la bataille. De quoi attirer simples touristes, passionnés d’histoire et descendants de soldats américains. Plus de 100 000 personnes sont attendues le week-end du 15 décembre, parmi lesquelles de nombreux américains.
Pour les accueillir, les commerces et hôtels affichent leur plus belles devantures et les décorent aux couleurs américaines. Peintures et drapeaux sont financés par la mairie à hauteur de cinquante euros chacun. Et de nombreuses reconstitutions historiques, cérémonies de commémoration et rencontres avec les anciens combattants sont organisées, en partenariat avec les Etats-Unis, tout au long du week-end. « Week-end Nuts » comme l’appellent les Bastognards. Une référence qui marie coutume folklorique de la région, la Foire aux Noix, et la désormais célèbre réplique « Nuts! » De McAuliffe. Chaque année plusieurs milliers de noix sont lancées du balcon de la mairie de Bastogne.