Le plan de Carrefour frappe lourdement la Belgique

1233 postes devraient être supprimés, c’est plus de 10% de l’effectif total belge, dont la plupart au sein des hypermarchés.

L’annonce a eu l’effet d’une véritable bombe au sein de l’entreprise. Cette restructuration est la conséquence du « plan de transformation » présenté par le nouveau président du groupe, Alexandre Bompard. Des suppressions de postes qui suivent celles annoncées pour la France : un poste sur quatre, sur les 10 500 que compte l’entreprise dans l’hexagone.

1053 postes devraient être supprimés dans les hypermarchés belges, et 180 au siège. C’est le troisième plan de restructuration auquel les salariés doivent faire face. En 2007, 900 emplois ont été supprimés, et 1500 en 2010. Ils estiment payer le prix fort. « Nous sommes tous abattus, nous avons l’impression que le ciel nous tombe sur la tête » explique une employée.

Les salariés sous le choc, 28 magasins à l’arrêt

Après les récentes déclarations d’Alexandre Bompard, le PDG, les salariés « s’attendaient à une mauvaise nouvelle ». Un conseil d’entreprise extraordinaire était en effet prévu hier, ce qui « généralement n’augure rien de bon ». A la sortie de la réunion, les représentants des syndicats annoncent le « verdict » aux salariés. Ils sont terrassés. Claude Fagnoul, délégué au Carrefour de Liège témoigne : « Les travailleurs étaient totalement bouleversés en apprenant la nouvelle ce jeudi après-midi. Ils étaient tellement marqués qu’il n’était plus possible pour eux de travailler ». De fait, dans la foulée, 14 magasins débrayent. Ils ne rouvriront pas. Ayant pris connaissance de l’issue de la réunion vers 14 heures, les portes ferment à 16 heures. Ils sont 28 à ne pas avoir repris leur activité ce vendredi.

« C’est un carnage social »

Les représentants du syndicat socialiste SETca parlent de « nouveau carnage social ». Tous les hypermarchés et certains « Carrefour Market » devraient cesser le travail selon le CNE, autre syndicat présent dans l’entreprise. « Sur le terrain, nous constatons que les employés souhaitent envoyer un signal fort à la direction » explique Delphine Latawiec, représentante de l’organisation. Une direction qui se montre assez discrète. Elle précise que « tout est au conditionnel, ceci était une information avant la consultation ». Des déclarations que les syndicats balayent du revers de la main. « Tout est décidé, on n’y croit pas » lance un délégué syndical.

« Carrefour doit faire face à de nouveaux défis »

Le groupe affiche un bénéfice en baisse de 23,87%, soit un profit de 746 millions d’euros en 2016. Un chiffre réajusté à 1,03 milliard d’euros après les changements de législation fiscale. La direction se justifie dans un communiqué: « la concurrence se diversifie et s’intensifie, les consommateurs belges modifient leur comportement d’achat en se tournant davantage vers les sites de commerce en ligne. Principalement à l’étranger ». Ce qui expliquerait « un plan de transformation (…) indispensable pour réduire les coûts et investir fortement dans les secteurs d’avenir tels l’omnicalité, le digital, les services, le bio, le frais, et les marques propres Carrefour ».

Le Premier ministre Charles Michel, en déplacement au sommet de Davos, ne cache pas sa colère : « Carrefour va devoir assumer ses responsabilités ! On entre dans le cadre de la loi Renault. Elle ne permet pas aux entreprises de tout décider seules d’un claquement de doigts. Ma volonté est de tout faire pour baisser au maximum l’impact social de cette restructuration, et surtout les licenciements secs ».

A la clôture de bourse de Paris hier, l’action de Carrefour termine en hausse. Lundi déjà, elle avait progressé de +3% après l’annonce du virage stratégique présenté par Alexandre Bompard.

C. Martin & V. Lerouge